Son second quinquennat sera marqué par la lutte sans merci contre la corruption. Lors de son séjour turc, le chef de l'Etat a révélé que l'ensemble des projets entrant dans le cadre du nouveau programme d'aide à la relance économique, doté d'une enveloppe de 50 milliards de dollars, feront l'objet d'appels d'offres internationaux. Abdelaziz Bouteflika a assuré que «la transparence la plus totale et la plus complète», sera de mise dans les passations de marchés publics. Relevant que l'Algérie et la Turquie «vivent des situations qu'il faut dénoncer et combattre», en citant explicitement la corruption en exemple, le président de la République donne un signal fort pour ce qui concerne la volonté de l'Etat de lutter contre le phénomène de la corruption qui mine une bonne partie du tiers-monde, dont l'Algérie. Quelques semaines après le vote par l'APN de la loi sur le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, et au lendemain de l'examen par le gouvernement d'un avant-projet de loi relatif à la corruption, le chef de l'Etat entre officiellement en guerre contre la corruption, avec, cette fois, sur la base d'une batterie de textes promulgués ou en voie de l'être, censés donner un maximum de garanties pour la réussite de l'ambitieux plan de soutien à la relance économique. En effet, l'importance du budget alloué pour ce programme est de nature à attiser les appétits les plus voraces. Le premier plan de soutien à la relance, d'une dotation budgétaire modeste, par rapport à ce qui est préconisé pour les cinq prochaines années, n'a pas échappé à la logique de la corruption, assure-t-on, de sources sûres. Ces mêmes sources indiquent également que le chef de l'Etat a lourdement insisté sur la mise en place de mécanismes à même de barrer le chemin aux corrompus et aux corrupteurs avant le lancement effectif du second plan de relance économique. A partir de la capitale turque, le président de la République a donc clairement annoncé la couleur, de sorte à ce que son second quinquennat soit celui de la lutte sans merci contre la corruption. Le vaste programme, qui verra le jour sous peu, constituera l'une des premières batailles de l'Etat contre un phénomène qui, le moins qu'on puisse dire, constitue un frein au développement de la nation. Et pour preuve, il a tendance à donner de l'Algérie l'image d'un pays où le climat d'affaires est vicié, ce qui a pour résultat de faire fuir les investisseurs étrangers. Des enquêtes réalisées auprès d'opérateurs économiques algériens ont révélé que plus de 70% d'entre eux ont eu recours à la corruption pour obtenir des marchés publics. Un état de fait qui a valu à l'Algérie une mauvaise notation de la part de l'ONG, Transparency international. Cela dit, la prise de conscience des plus hautes autorités de la République est en soi un pas dans la bonne direction. Une évolution des mentalités, d'ailleurs saluée par un sénateur américain qui a séjourné à Alger. Ce dernier a affirmé avoir eu des entretiens sur ce sujet avec le chef du gouvernement, les ministres et même les personnalités de la société civile. Il a constaté une prise de conscience à tous les niveaux par rapport à la corruption, au sens où tout le monde «a exprimé ses préoccupations devant l'ampleur du phénomène» en Algérie. C'est dire donc que la situation prête à l'urgence et la sortie du chef de l'Etat n'est manifestement pas un hasard. La lutte contre la corruption passe pour être l'un des chantiers prioritaires de Bouteflika.