L'idée de lancer un centre de la lutte antiterroriste émise par l'Arabie Saoudite a reçu un accueil mitigé. «Nous attendons de nos partenaires une position politique claire à l'égard du terrorisme, de ses relais et de tous ceux qui le financent et facilitent ses activités, et nous les appelons à intensifier la coopération qui doit être totalement transparente, impartiale et sincère.» Le ton ferme et le propos mesuré, Amine Kherbi, conseiller auprès du président de la République, aura été tranchant lors de son intervention, hier, au second jour du séminaire international de Riyad sur le terrorisme. Le responsable algérien s'exprimait ainsi devant les animateurs du 3e groupe de travail chargé d'examiner «les leçons tirées des expériences de lutte antiterroriste». Le contexte dans lequel évolue l'Algérie permet ces contre-attaques, d'autant plus que dans le chapitre, elle a de bonnes longueurs d'avance sur l'Arabie Saoudite. Un rapport du département d'Etat américain soulignait, au lendemain de la mort de Nabil Sahraoui, chef du Gspc algérien, et de celle d'Abdelaziz El Moqren, chef d'une section saoudien d'Al Qaîda, abattus simultanément en Algérie et en Arabie Saoudite par les services de sécurité, que «des similitudes existent entre les deux pays», mais que l'Algérie semble quitter la phase dangereuse de la lutte antiterroriste, alors que l'Arabie Saoudite «s'y trouvait en plein». M.Kherbi a estimé qu'«une lutte efficace contre le terrorisme implique également le recours à des instances judiciaires et l'engagement de tous à répondre avec la célérité voulue aux demandes sur les échanges d'information et l'assistance technique». Il a aussi appelé à l'«adoption de nouvelles procédures pour amener devant la justice les individus engagés dans des activités terroristes». «Conformément à la résolution 1373 de 2001, il est tout aussi important de rappeler qu'aucune motivation politique ne doit être avancée pour s'opposer aux extraditions demandées par les Etats». Il a mis en garde contre toute approche sélective du terrorisme et toute confusion qui tendrait à le présenter sous la forme d'une quelconque confrontation avec une religion ou une civilisation. M.Kherbi a, par ailleurs, appelé à la redynamisation du comité contre le terrorisme mis sur pied par le Conseil de sécurité dans le cadre de la résolution 1373 et rappelé les efforts de l'Algérie en association avec les autres organisations régionales, dont l'Unité africaine, la Ligue arabe et l'OCI pour lutter contre ce fléau. «Nous avons mis en place le Centre africain pour les études et recherches sur le terrorisme (Caert), dont le siège est à Alger, pour permettre une meilleure coopération avec nos partenaires africains, et nous allons ouvrir un dialogue avec l'instance de l'Union européenne pour la Coordination de la lutte contre le terrorisme (Coter).» Il a enfin souhaité voir l'Europe montrer plus d'engagement politique pour une coopération plus globale qui tiendrait compte du caractère vulnérable de la Méditerranée et de l'indivisibilité de ses rives sud et nord en matière de sécurité et de développement. Il semble bien que l'Algérie réponde à l'idée émise par l'Arabie Saoudite de créer un centre de lutte antiterroriste alors que des responsables saoudiens sont restés très mitigés, se contentant de dire seulement que «le centre ne pourrait pas arrêter le besoin d'un échange bilatéral de renseignements», une façon très diplomatique de se détourner d'un débat qui n'a pas lieu d'être. D'autant plus que les Etats-Unis continuent à penser de manière très forte que l'Arabie, par le biais de son idéologie, le wahhabisme, a fortement contribué à l'expansion du terrorisme dans le monde, et n'oublient pas que sur les 18 kamikazes du 11 septembre 2001, au moins une bonne dizaine étaient saoudiens. Bien avant ce jour, au sortir d'une décennie sanglante, l'Algérie avait créé ses propres cadres politiques, juridiques et institutionnels pour amener le plus de terroristes à déposer les armes et avait organisé en octobre 2002 la première conférence internationale sur le terrorisme jamais faite dans le monde arabo-musulman, avant de créer - dans le cadre de l'Union africaine - en juillet 2004, le premier Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme.