Ce chassé-croisé diplomatique caractérise la préparation du sommet. Il est contredit par l'attitude des extrémistes israéliens. Le Premier ministre israélien et le président de l'Autorité palestinienne se rencontreront demain à Charm El-Cheikh, en Egypte, dans le but de relancer le processus de paix, interrompu depuis plusieurs années. Les deux hommes se connaissent pour avoir déjà eu des entretiens par le passé. Ils se sont déjà rencontrés sur les bords de la même mer Rouge, à Aqaba (Jordanie), en juin 2003, pour lancer la Feuille de route, qui reste toujours inappliquée. A l'époque, M. Abbas était le Premier ministre de M.Arafat, avec des prérogatives assez limitées. Trois mois, après le décès de la figure emblématique de la résistance palestinienne, le sommet se tient alors que règne un climat de détente dans la région, apprécié d'ailleurs d'un côté comme de l'autre. Placé sous l'égide de l'Egypte et la Jordanie, cette rencontre est suivie avec un grand intérêt par les Etats-Unis. Les dirigeants américains ont pensé à tout dans la perspective de la réussite dudit sommet. Il est ainsi proposé la création d'un groupe de gestion des crises, dont la mission première est d'assurer la poursuite des négociations de paix même dans le cas d'un déchaînement de la violence. Cette initiative américaine participe de la volonté de Washington de réduire les effets d'un attentat qui pourrait être perpétré en Israël pour faire échouer la réunion ou d'une éventuelle bavure de l'armée israélienne. Mme Rice qui a rencontré hier Ariel Sharon et s'entretiendra aujourd'hui avec Mahmoud Abbas, aura dans ses bagages, la proposition de l'administration Bush, censée donner un maximum de chances aux négociations de demain. Pour l'heure, le mécanisme en question n'est pas encore tout à fait au point dans les détails. La raison tiendrait dans le fait que les Américains souhaitent une pleine adhésion des Palestiniens et des Israéliens. Ce qui est par contre acquis, selon un responsable du département d'Etat US, c'est que les deux parties en ont accepté le principe et le discutent depuis hier. L'idée, a souligné le même responsable, serait de soulever les «questions qui, selon eux, pourraient être difficiles ou bien des événements qui se sont produits et tenter de s'assurer que ces questions seront résolues sans perturber l'ensemble du processus.» Autre indice de l'intérêt américain au sommet de Charm El-Cheikh est la visite-surprise du secrétaire d'Etat adjoint américain pour le Proche-Orient, William Burns, qui est arrivé hier matin au Caire pour une visite de quelques heures. Sa visite coïncide avec celles de Dov Weisglass, conseiller du Premier ministre israélien Ariel Sharon et du ministre jordanien des Affaires étrangères, Hani Moulki, au Caire. Ce chassé-croisé diplomatique intense qui caractérise cette reprise de langue entre Israël et l'Autorité palestinienne est contredit par l'attitude des extrémistes israéliens. En effet, des rabbins vont organiser aujourd'hui des prières spéciales pour l'échec du Sommet de Charm El-Cheikh. Les rabbins espèrent empêcher Sharon de procéder au moindre retrait de Cisjordanie et de la bande de Gaza. Les Palestiniens, de leur côté, souhaitent un cessez-le-feu mutuel israélo-palestinien et la libération des 8000 prisonniers palestiniens détenus en Israël, selon des sources diplomatiques palestiniennes au Caire.