Etoile montante du parti travailliste britannique, la députée a sans cesse lutté pour un idéal de justice et de paix et contre le repli sur soi... En plein débat sur le Brexit, en vue d'un référendum sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, la députée travailliste Jo Cox a été assassinée jeudi dernier, à Birstall, dans le nord de l'Angleterre. À 41 ans, cette femme politique n'était pas la figure la plus médiatisée de la campagne pro-européenne, mais son engagement au sein du parti travailliste (Labour) contre le Brexit et sa carrière suscitaient le respect de presque tous, partenaires comme adversaires. Certains n'hésitaient pas à voir en elle l'»étoile montante» de la vie politique britannique, avant qu'elle ne soit assassinée un an à peine après son élection en 2015 comme députée. Jo Cox avait sans ambiguïté combattu en faveur du maintien du Royaume-Uni au sein de l'UE, et les prémices de l'enquête tendent à confirmer que c'est là la raison de son assassinat par un individu embrigadé dans une organisation américaine d'extrême droite. Mais quel que soit le motif de son agression, elle va devenir probablement un symbole de la cause. Car Jo Cox militait avec abnégation contre les idées et les argumentations des pro-Brexit dont les accents xénophobes avaient atteint des degrés alarmants depuis quelques semaines. Son ascension sociale, et son parcours atypique dans les méandres politiques ont nourri son expérience et conforté son ardent désir de justice. Née à Batley, dans le West Yorkshire, en 1974, Jo Cox portait avec fierté son origine sociale. Son père était ouvrier dans une usine où elle travaillait l'été. Sa mère était secrétaire. Elle a gravi patiemment les marches sans jamais perdre de vue le combat pour la justice sociale, et en 2002, elle a mis toute sa pugnacité au service de Oxfam, une confédération internationale de 18 ONG luttant contre la pauvreté et les discriminations dans le monde. L'hommage qui lui a été rendu par Jeremy Corbyn, leader du parti travailliste, est significatif: «Toute sa vie, Jo Cox s'est mise au service de la population et a montré un engagement profond envers l'humanité... Jo Cox était vice-présidente du groupe parlementaire responsable des questions syriennes, où elle s'est notamment engagée en faveur des réfugiés de la guerre civile. Ses combats ne devaient rien au hasard.» C'est ainsi qu'en décembre 2015, elle est parmi les 5 députés du Labour qui s'abstiennent lors du vote sur le bombardement de Daesh en Syrie, exprimant sa conviction que la situation ne connaîtra pas d'embellie sans la protection des populations civiles. L'assassinat de Jo Cox est un coup de poignard porté à l'espérance d'une humanité plus solidaire et plus dynamique, qu'elle incarnait au Royaume-Uni avec une passion sincère et un sens rare du dévouement. Son meurtrier n'aura jamais conscience de la dimension de son crime.