Le ministre, qui invite les journalistes à consulter ses documents, oublie que ces derniers ont déjà été rejetés par la justice. L'affaire opposant le propriétaire de l'entreprise Epsr, Ould El Hocine, à l'entreprise publique l'Enps, n'arrive pas à connaître son épilogue. Le contentieux prend l'allure d'un feuilleton interminable où chaque déclaration d'un officiel lui donne une nouvelle tournure. Interpellé à ce sujet, lors de son passage hier, au Forum d'El Moudjahid, le ministre délégué chargé de la Participation et de la Promotion de l'investissement, Yahia Hamlaoui, a invité les journalistes à se rapprocher de son département pour consulter des documents «attestant que l'Enps est propriétaire du foncier». Le ministre s'est refusé à tout autre commentaire expliquant qu'il s'agit d'un contentieux. «C'est pour cette raison que le nom de l'Enps a été retiré de la liste des entreprises privatisables mises sur le site Internet du ministère de la Participation et de la Promotion de l'investissement», a précisé M.Hamlaoui en ajoutant que cette question «sera réglée dans le cadre de la loi et de la sérénité en attendant une décision de justice». De pareille déclarations sont assimilées par les gens au fait de ce dossier à une véritable «fuite en avant». Comment en serait-il autrement quand Ould El-Hocine est détenteur de plusieurs décisions de justice rendues en sa faveur, qui sont définitives et exécutoires, ordonnant la restitution de l'ensemble de ses biens. Ce n'est pas tout. Farouk Ksentini, chargé des droits de l'homme pour le compte du président Bouteflika, n'a laissé planer aucun doute sur le sujet en soulignant que «l'Etat a perdu et qu'il doit se montrer fair-play en acceptant que les biens de Ould El-Hocine lui soient restitués, conformément à une décision de justice rendue au nom du peuple algérien». Dans le cas contraire, ce que nous vivons hélas, ce sont les notions mêmes d'Etat de droit et de démocratie qui sont remises en cause puisque l'ensemble des décisions de justice sont rendues au nom du peuple algérien. Enfin, plusieurs journaux, dont le nôtre, avaient sollicité le ministère délégué aux Participations concernant cette affaire, pour essuyer régulièrement une fin de non-recevoir. Quant aux documents évoqués par le ministre, il ne peut s'agir, estime-t-on, que de ceux qui ont déjà été produits devant la justice sans obtenir le même résultat, sinon celui de nombreuses plaintes pour faux et usage de faux. Toujours est-il que cette affaire, qui met à mal la notion d'Etat de droit dans le pays, est «un cas d'espèce». Elle est redondante au Forum d'El Moudjahid où s'expriment généralement des officiels de l'Etat. Le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, s'est lavé les mains de ce conflit qui dure depuis plus de 25 ans. «Je suis responsable et je dis des choses responsables, l'entreprise Enps n'est plus sous ma tutelle», a-t-il déclaré lors de son passage au forum. Bref et concis, M.Ghoul a évacué la question d'un confrère qui s'interrogeait si derrière cette affaire, il n'existait pas «un lobby qui bloque l'application de la décision de justice rendue en faveur du moudjahid Ould El Hocine». En revanche, le président de la commission nationale consultative de la promotion des droits de l'Homme, Farouk Ksentini, a reconnu jeudi dernier, à la même tribune d'El Moudjahid, que le conflit a été réglé dans le cadre de la justice. En effet, le propriétaire de l'Epsr, Ould El Hocine, exhibe à chaque fois un arrêté de la Cour suprême qui a statué en sa faveur dans ce conflit qui dure depuis 25 ans. La justice a décidé de restituer «son bien» à Ould El Hocine, mais l'exécution de cet arrêté n'a pas eu lieu. Dans son édition du 14 décembre 2004, l'Expression a révélé que le P-DG de l'Entreprise nationale de panneaux de signalisation (Enps), M.Benkaïdali Abdelhamid «a traité directement avec une société française, sans avoir l'autorisation ni de la SGP dont il dépend, ni du ministre des Travaux publics, ni de celui de la Participation, M.Hamlaoui, encore moins du chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia». Aucune suite n'a été rendue publique suite à cette révélation du journal.