Les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont donné leur aval hier à la montée en puissance de l'opération navale Sophia au large de la Libye, qui va désormais pouvoir former des garde-côtes libyens et lutter contre le trafic d'armes vers ce pays. La mission Sophia a été mise sur pied il y a un an pour contrer de puissants réseaux de passeurs de migrants en Méditerranée centrale, dont la Libye était la base arrière. Elle a reçu le feu vert de l'ONU mardi dernier pour faire respecter, en haute mer, l'embargo sur les livraisons d'armes à la Libye, décrété en 2011. L'opération européenne a contribué à sauver depuis un an 16.000 migrants et conduit à l'arrestation d'environ 70 passeurs. Son mandat est «renforcé par l'addition de deux tâches» nouvelles: «l'entraînement des garde-côtes et marins libyens et la contribution à la mise en oeuvre de l'embargo de l'ONU sur les armes en haute mer, au large de la Libye», selon le communiqué. Actuellement, Sophia fait croiser cinq navires, appuyés par trois hélicoptères et quatre avions, en Méditerranée, mais elle reste cantonnée aux eaux internationales. Pour qu'elle puisse pleinement remplir ses nouvelles missions, trois autre navires, dont un dédié à la formation, sont nécessaires, selon un haut responsable militaire de l'UE, qui a briefé les journalistes, sous couvert de l'anonymat, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères à Luxembourg. Un navire spécifique sera consacré à la formation, dans un premier temps, d'une centaine d'officiers et sous-officiers du corps de garde-côtes ou de la marine libyenne, triés sur le volet. Ces derniers seront ensuite invités à suivre des formations à terre, dans un pays membre de l'UE ou un pays tiers avant d'être, dans un troisième temps, formés sur des navires libyens, a expliqué la même source. Pour pouvoir agir efficacement contre le trafic d'armes, la zone d'opérations de la mission EU Navfor Med/Sophia a été étendue jusqu'à la hauteur de la ville libyenne de Derna, à 200 km de l'Egypte. Elle couvre désormais 80% de la côte libyenne, mais en se limitant toujours aux eaux internationales, soit à 12 miles de distance des côtes.