Contrairement aux députés de la coalition, ceux de l'opposition sont venus en force pour tenter de faire barrage à l'adoption des lois. Ils ont chamboulé l'agenda de l'APN. Les députés ont manqué le rendez-vous de jeudi dernier. La séance de vote des quatre projets de loi portant respectivement sur le règlement budgétaire de 2013, les commissaires priseurs et ceux concernant l'institution militaire (deux) dont celui relatif à l'obligation de réserve pour les militaires n'a pas eu lieu. Prévue à 10h, la séance a été reportée jusqu'à lundi prochain après plus de quatre heures d'attente. Raison: l'absence du quorum. Sur les 462 députés, ils n'étaient même pas une centaine à avoir fait le déplacement à l'hémicycle. Un nombre qui est loin de celui du quorum fixé à 220 députés dans le règlement intérieur de l'APN pour le vote des projets de loi. Le président de l'Assemblée et les ministres de la Justice et des Finances ainsi que celui des Relations avec le Parlement, qui ont attendu longtemps, ont fini par rebrousser chemin. Ce n'est que vers 14h10 que Mohammed Larbi Ould Khelifa est intervenu pour annuler la séance.Irrité vraisemblablement par cet incident, le président de l'APN a, néanmoins, justifié sa décision par le fait d'éviter la contrainte de déplacement pour les députés durant cette fin de semaine du Ramadhan. Mais avant, dans les coulisses, les partis de la coalition ont mené une bataille féroce pour collecter les procurations et tenir à tout prix la séance du vote, en vain. Même avec les procurations, il était impossible de réunir le quorum, ce qui a obligé le président de l'APN à annuler la séance. Certes, ce scénario n'est pas nouveau, mais jeudi les députés de la majorité ont fait preuve de non-respect des instructions. Les élus FLN ont été tous destinataires de SMS les invitant à assister à la séance de vote de jeudi et ils n'ont pas obéi. Le chef du groupe parlementaire Mohammed Djemai était outré par ce comportement malhonnête. L'Assemblée nationale a à plusieurs reprises reporté le vote du projet de loi en raison de l'absence de quorum. D'autant plus que cet incident était prévisible vu le nombre faible de présents lors des deux jours de débat sur les lois. Mardi et mer-credi, des ministres ont eu à présenter des lois devant un hémicycle quasiment vide. En programmant des plénières en plein mois du Ramadhan, le bureau de l'APN devait assumer les conséquences. Contrairement aux députés de la coalition, ceux de l'opposition sont venus en force pour tenter de faire barrage à l'adoption des lois. Les élus du Parti des travailleurs, du Front des forces socialistes, de l'Alliance de l'Algérie verte et d'El-Adala étaient très actifs. Ces derniers se sont mobilisés pour dénoncer l'attitude de l'administration parlementaire et du pouvoir qui veulent expédier ces projets en un temps record. Ils ont tenu un point de presse dans le hall de l'APN pour manifester leur rejet de cette démarche. «La gestion de l'Assemblée remet en cause la légitimité de l'institution de l'Etat», a déclaré le chef du groupe parlementaire du FFS, Chafaâ Bouaïche. Ce dernier dit ne pas comprendre comment l'APN programme un arsenal de projets de lois durant le mois de Ramadhan et en un temps record. «Ces projets de lois sont d'une grande importance pour l'avenir du pays, on ne peut pas les brader», a-t-il insisté. De son côté, Abdelaziz Belkaïd de l'alliance de l'Algérie verte, estime qu'il n'y a pas urgence pour expédier ces projets de lois. «Examiner les projets de lois en un temps court est en contradiction avec les dispositions de la Constitution qui garantit plus de place à l'opposition», a-t-il martelé en accusant le pouvoir de vouloir détourner ces lois. «Comment nous allons préserver le multipartisme avec un régime électoral qui complique les choses pour les partis», s'est exclamé Djeloul Djoudi, porte-parole du PT. Ce dernier a carrément soutenu que «ce projet de loi vise à mettre fin au multipartisme». Le représentant du PT qualifie les projets de lois en cours d'examen de dangereux notamment celui relatif au régime électoral. Un avis appuyé par le député Lakhdar Benkhelaf d'El-Adala. «A travers ce comportement le pouvoir veut démontrer qu'il n'a pas besoin des partis politiques», a-t-il affirmé en portant une pancarte mentionnant: «Non à la restriction des libertés.» Les partis de l'opposition qui se sont constitués en un front comptent se réunir pour discuter des actions à entreprendre avant l'adoption des lois en question.