L'opération qui connaît un succès certain, risque de capoter en l'absence d'une large implication. Pourtant priorité du gouvernement, l'accès au logement, notamment à travers le crédit hypothécaire, ne suscite pas, semble-t-il, l'élan escompté du côté des pouvoirs publics. Les dépenses de l'Etat pour le logement ont baissé considérablement pour atteindre en 2002, 0,3% du PIB (Produit brut intérieur) alors qu'en 1998, elles étaient de 0,7%. Le taux du prix au logement - au profit des particuliers et des promoteurs - connaît, lui, chaque année, la même tendance. Il a atteint en moyenne 7,5%. Alors que l'Exécutif s'est assigné pour objectif cardinal de réaliser, en cinq ans, 1 million de logements, la réalité donne, quant à elle, un autre son de cloche sanctionnant une demande de plus en plus croissante sur le crédit logement. Le déficit dépasse les deux millions d'unités alors que les besoins ont été estimés à quelque 2000 milliards de dinars, sans compter au passage les 1.600.000 logements vétustes, qui constituent plus de 40% du parc immobilier national évalué à plus de 4 millions d'unités. La problématique a été soulevée hier à Alger, au cours d'un séminaire organisé par la Société de refinancement hypothécaire (SRH), une société chargée du refinancement des portefeuilles de créances hypothécaires octroyées par les banques aux ménages dans le cadre du financement au logement). La rencontre à laquelle ont participé le ministre délégué à la Réforme financière, les responsables des Banques publiques, les représentants de la Banque mondiale et des experts canadiens, a permis entre autres, de faire une sorte de bilan de la politique du crédit hypothécaire en Algérie. Il s'agit, explique le P-DG de la Banque du développement local, qui cite comme exemple le cas de la banque qu'il patronne, d'un produit (le crédit hypothécaire) en pleine croissance au regard de la demande de plus en plus importante, 200.000 chaque année. La BDL qui propose le crédit logement depuis 2001, a, durant l'année écoulée, consacré, pour les crédits directs, quelque 18 milliards de dinars dont 12 réservés uniquement au crédit logement dont 16 000 ménages ont bénéficié, estime M.Daoudi. En 2005, la BDL vise 20.000 intéressés et une enveloppe de 20 milliards de dinars sera dégagée pour ce faire. La Cnep Banque, partie prenante elle aussi dans cette opération, plaide, par la voix de son premier responsable, pour plus d'implication de l'ensemble des intervenants dans ce marché. M.Messiba, son P-DG, appelle à l'application de la loi sur les créances et somme ses collègues de prendre beaucoup plus de risques pour, explique-t-il, pérenniser le produit. Mais si les banquiers publics algériens pensent unanimement à la formule, qui connaît un succès certain auprès des larges couches, il n'en demeure pas moins que nombre de problèmes liés à des modalités techniques rendent de plus en plus complexe l'octroi du crédit. M.Daoudi parle par exemple de l'acte de propriété au même titre que le permis de construction, deux casse-tête qui posent souvent des problèmes, car plusieurs intéressés n'ont pu régulariser leur situation. Et c'est dans ce contexte que les intervenants, et à leur tête la SRH, ont fait appel à des experts canadiens qui ont la lourde tâche de huiler la machine. M.Beltas a assuré, pour sa part, les banquiers algériens de la disponibilité de son entreprise pour l'octroi des crédits à moyen et à long terme.