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Les plâtriers victimes de la concurrence
ORAN
Publié dans L'Expression le 10 - 02 - 2005

«Les clandestins marocains nous ont pris tous les marchés».
Plusieurs jeunes artisans plâtriers de la ville d'Oran, qui nous ont rendu visite, se plaignent d'une concurrence déloyale que leur feraient subir des clandestins marocains qui se sont incrustés dans les circuits de la main-d'oeuvre. Les clandestins marocains nous ont pris tous les marchés à Oran. «Ils cassent les prix, ce qui les rend intéressants pour une clientèle qui se fait rare ces deniers temps», dira un jeune plâtrier. Ces derniers, jadis très recherchés pour la technique du plâtre sculpté, faisaient montre d'un savoir-faire qui leur valait l'estime de beaucoup de citoyens voulant construire des maisons. Ils avaient des carnets de commandes pleins. Mais avec le temps, de jeunes Algériens se sont formés sur la technique qui n'avait plus de secret pour eux. Leur intrusion sur le marché local avait réduit considérablement les possibilités offertes aux clandestins marocains qui se sont retrouvés contraints à user d'une véritable guerre des prix avec leurs homologues algériens. «Nous avons créé de petites entreprises dans le cadre de l'emploi de jeunes. Nous payons nos impôts et nous avons des charges mensuelles à régler et avec cette concurrence, nous ne savons plus sur quel pied danser», diront nos interlocuteurs. Ces derniers préciseront que des cafés à Oran sont connus pour être les lieux de rendez-vous des plâtriers marocains, dont majorité ne possède pas de permis de séjour et de travail. «Il suffit de demander au serveur ou au propriétaire du café et il vous en présentera au moins une dizaine, attablés et attendant du travail. Les prix qu'ils pratiquent sont très attractifs.» A Bir El-Djir, un plâtrier marocain reconnaîtra qu'il est en situation irrégulière en Algérie. «Je ne suis pas le seul dans ce cas», dira-t-il. Plus précis, il dira que c'est tout un réseau de connaissances qui contrôle ce secteur. «Je travaille, et quand je perçois mon argent, je garde une partie et l'autre je la confie à un agent de change qui se charge de la transmettre à ma famille au Maroc. Il m'arrive parfois de recevoir des commandes même quand je suis dans mon pays. Quand cela arrive, je rentre en Algérie en traversant de nuit la frontière pour me rendre par la suite à Oran et prendre mon travail», dira-t-il. Les artisans algériens qui nous ont rendu visite sont catégoriques, «il existe un véritable réseau de clandestins qui a déstabilisé le marché et nous souffrons aujourd'hui d'une concurrence déloyale qui risque de nous pousser à la dissolution de nos fragiles entreprises», diront-ils.

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