Des groupes rebelles syriens ont lancé hier une offensive majeure contre les secteurs tenus par le régime à Alep après que l'armée a coupé leur unique voie de ravitaillement vers la métropole divisée et meurtrie par les combats. Une pluie de roquettes rebelles et des raids aériens du régime ont tué au moins 12 civils et détruit des maisons des deux côtés de la cité septentrionale. Deuxième ville de Syrie et l'un des principaux enjeux de la guerre, Alep est divisée depuis 2012 entre quartiers aux mains du régime à l'ouest et quartiers contrôlés par les groupes rebelles à l'est. Le 7 juillet, les forces alliées au régime, qui cherchent à assiéger totalement les quartiers rebelles pour ensuite tenter de les reprendre, sont parvenues à couper de facto la route dite du Castello, dernier axe de ravitaillement vers ces quartiers. «Les rebelles ont lancé une vaste offensive sur quatre fronts contre les forces pro-gouvernementales à Alep, notamment dans la vieille ville», a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, basé en Grande-Bretagne). «De violents affrontements sont en cours mais les rebelles n'ont pas progressé en raison des intenses raids aériens du régime», qui ont tué trois civils dans les secteurs est, a-t-il ajouté. Les rebelles ont tiré quelque 300 roquettes sur les secteurs ouest d'Alep, tuant au moins neuf civils, selon l'OSDH. La maison d'Ahmed, un habitant du quartier des Syriaques dans le secteur gouvernemental, a été complètement détruite. «Les roquettes ont commencé à pleuvoir sur les quartiers ouest à partir de 4h30 (1h30 GMT)». Des habitants de ce quartier se sont rassemblés dans l'une des rues touchées par le pilonnage pour soulever les tas de débris et aider les personnes à récupérer leurs affaires pour fuir dans un endroit plus sûr. «Les bombardements sur les quartiers ouest sont toujours en cours, le bruit est très fort», affirme Ahmed. Les rebelles ont recours à «l'artillerie lourde et toutes sortes d'armes à feu» dans une offensive qui «vise à réduire la pression» sur le front de la route du Castello, a indiqué Mahmoud Abou Malak, porte-parole d'un groupe rebelle à Alep. La veille, une contre-attaque des insurgés pour repousser les forces armées syriennes loin de la route du Castello a échoué. Au moins 29 combattants du groupe rebelle islamiste Faylaq al-Cham et de son allié du Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al Qaîda) avaient été tués. Ces violences interviennent malgré la trêve décrétée par le gouvernement syrien à l'occasion de la fête de l'Aid El Fitr et renouvelée samedi pour 72 heures. Mais dans les faits, l'offensive s'est poursuivie visant à encercler Alep, ainsi que ses bombardements sur les localités rebelles ailleurs dans le pays. Les forces pro-gouvernementales se trouvent à moins de 500 mètres de la route du Castello au nord d'Alep et peuvent tirer sur toute personne ou tout véhicule empruntant cet axe utilisé par les civils comme les rebelles. La route est ainsi de facto coupée. Le gouvernement de Damas tente d'avancer pour la reprendre et assiéger ainsi totalement les quartiers rebelles où vivent quelque 200.000 personnes. L'arrêt de tout ravitaillement depuis quelques jours se fait déjà sentir, les produits de première nécessité devenant de plus en plus rares. Selon l'ONU, près de 600.000 personnes vivent dans des zones assiégées en Syrie, dans la plupart des cas par les forces armées syriennes, sans accès à la nourriture ni à une aide médicale. Par ailleurs, la chaîne de télévision qatarie, Al-Jazeera, a annoncé hier la mort d'un journaliste travaillant pour elle, tué dans un raid à Tarmanine. Elle a accusé l'aviation russe.