La wilaya, aussi riche que pauvre, offre bien peu d'opportunités aux jeunes qui arrivent régulièrement sur le marché de l'emploi. Même si l'alerte a été de courte durée, elle n'en a pas moins suffi à attirer l'attention des autorités locales sur la véritable bombe à retardement que constituent les jeunes chômeurs et désoeuvrés de la wilaya de Skikda lesquels, désespérés, se montrent prêts aux actions les plus extrêmes pour protester contre leur intolérable situation. C'est ainsi que plusieurs jeunes chômeurs ont organisé depuis peu une courte action de protestation en face du siège de l'APW. Ces jeunes, chauffés à blanc, soulèvent des problèmes similaires à ceux qu'avaient déjà posés les jeunes de Hassi Messaoud : l'exclusion des opérations de recrutements. Celles-ci, comme devait le confirmer la mission dépêchée à partir d'Alger par une mission interministérielle, se faisaient le plus souvent au profit de personnes étrangères à la région, même quand il s'agit de pourvoir des postes subalternes, et ne nécessitant pas de grandes compétences. Ainsi, les jeunes de Skikda, qui ont les mêmes récriminations, accusent-ils «la plupart des entreprises publiques locales, y compris le groupe pétrochimique présent en force dans la wilaya, de procéder à des recrutements directs au lieu de passer par l'Agence nationale de l'emploi, comme l'ordre express en a été donné par le ministre du Travail à la suite des émeutes de Ouargla». C'est le wali en personne qui donne l'air de vouloir s'imprégner des réalités de la localité qu'il est appelé à diriger depuis quelques mois à peine, qui a réussi à calmer les esprits en accordant une audience à une délégation dépêchée dans son bureau par ces jeunes en colère. Promesse aurait été donnée de tirer ces questions au clair, mais aussi de faire en sorte que tous les recrutements se fassent désormais en passant systématiquement par l'Agence de l'emploi, selon les instructions officiellement données par les plus hautes autorités du pays. Loin d'en démordre pour autant, ces jeunes, dont nous avons rencontré quelques- uns, se disent plus mobilisés que jamais et prêts à organiser de nouveaux mouvements de protestation dans le cas où aucune suite pratique n'est donnée à leurs revendications. Il convient de souligner, pour finir, que la wilaya de Skikda, pourtant réputée «riche» grâce à ses installations pétrochimiques, des nombreux opérateurs privés qui y activent et de son port commercial à grand trafic, demeure quand même peu favorisée pour ce qui est des emplois puisque le taux de chômage y demeure relativement élevé, dépassant les 20 % de la main-d'oeuvre active de la wilaya. Une situation jugée «tout aussi intolérable qu'inexplicable» par ces jeunes en colère. Affaire à suivre...