Ouyahia, Belkhadem et Soltani ont plus de points convergents que divergents. Des sources proches des trois partis politiques composant l'Alliance présidentielle nous indiquent que «le sommet (de celle-ci) aura bel et bien lieu ce mercredi à 14 heures au niveau de l'hôtel El Djazaïr, ex-Saint Georges». L'annonce claque comme un coup de fouet au-dessus des têtes de la classe politique, mais aussi de la Cnag (Commission nationale pour l'amnistie générale). Celle-ci, présidée par Ahmed Ben Bella, a, en effet, cessé de faire parler d'elle dès l'accalmie advenue dans les rangs du FLN et la persistance de la rumeur faisant état du retour en force de l'Alliance présidentielle. Cette dernière, comme le soulignent des sources qui en sont proches, «a l'intention d'inscrire publiquement un seul point à son ordre du jour». Il s'agit, et le lecteur l'aura sans doute deviné, de mettre tous les moyens humains et matériels de ces trois formations politiques au service de la future campagne référendaire relative à l'amnistie générale et à la réconciliation nationale, lesquelles tiennent particulièrement à coeur au président Bouteflika. Nous croyons savoir, à ce propos, que les instances communes aux trois partis, mises en place à la veille de la présidentielle d'avril 2004, ont tenu plusieurs séances de travail dans le but d'élaborer une déclaration de politique commune qui abondera dans ce sens. Cela ne veut toutefois pas dire que les choses sont au beau fixe entre ces trois partis, «même si leurs trois leaders, nous dit-on, feront tout pour afficher une cohésion sans faille lors de ce sommet». La raison en est toute simple. Les instances mentionnées plus haut, qui ont tenu plusieurs séances de travail depuis le déroulement avec succès du congrès du FLN, ont eu à se pencher à huis-clos sur la plupart des sujets qui fâchent afin de tenter d'aplanir les divergences et de mettre résolument le cap vers une campagne référendaire commune, dans laquelle chacun aura à gagner. Certes, il ne sera à aucun moment fait état de tous ces sujets lors du sommet de demain. Le plus important d'entre tous, comme le soulignent nos sources avec force, a trait au prochain remaniement gouvernemental. Celui-ci, que nous confirmons de différentes sources concordantes, profiterait en grande partie au FLN. Le parti compte bien peser de tout son poids dans les tractations à venir afin de décrocher une représentation qui soit à la mesure de celle, majoritaire, qu'il détient à l'APN, tel que le stipulent les us démocratiques usités de par le monde. Une véritable guerre des tranchées est ainsi ouverte entre le FLN et son frère ennemi, le RND, dont le secrétaire général, Ahmed Ouyahia, compte bien rester à la tête du gouvernement et, pourquoi pas décrocher un poste de souveraineté en faveur de l'un de ses plus proches collaborateurs afin que les réformes présidentielles, notamment sociales et économiques, puissent connaître une «salvatrice accélération». Déjà, des sources proches du Rnd commencent à se demander comment le Fln va se présenter à ce sommet alors qu'il n'a même pas élu son secrétariat exécutif. Nos sources, qui soulignent que le choix des présents dépendra de Belkhadem, n'en ajoutent pas moins que la représentativité sera quelque peu tronquée comparée à celle du madjliss echoura du Msp ou bien du bureau national du Fln. Le MSP, pour sa part, n'a pas l'intention de changer d'un iota sa politique entriste qui lui réussit si bien. L'un de ses meilleurs ministres, en train d'accomplir de véritables miracles dans le secteur des travaux publics, pourrait même se retrouver à la tête d'un super-ministère en charge de l'équipement et de l'habitat afin que voit véritablement le jour le projet de réalisation d'un million de logements avant la fin du second mandat du président. Cela n'empêche toutefois pas le parti de Bouguerra Soltani de persister dans cette surenchère, qui lui est si chère. Après avoir contesté violemment la réforme de l'école, sans obtenir le moindre résultat probant, voilà que le MSP, par la voix de son premier responsable, remet sur le devant de la scène sa revendication relative à la levée de l'état d'urgence, alors que ce même responsable reculait, dans les colonnes de ce même journal, par rapport à cette demande, la qualifiant de «caduque» devant le projet présidentiel portant réconciliation nationale et amnistie générale. Les partis de l'Alliance, reconnus en tant que tels par le président Bouteflika dans sa lettre adressée au congrès du FLN, font beaucoup de «jaloux» au sein de la classe politique algérienne. C'est pourquoi nos sources indiquent que les raisons qui motivent le maintien de l'Alliance sont autrement plus fortes et nombreuses que celles qui pourraient conduire à son éventuel éclatement. Cela est d'autant plus vrai que la prochaine mission qui attend cette Alliance, outre la mise en application du programme électoral du président Bouteflika, sera d'aider à la révision de la Constitution selon des termes qui promettent pas mal de «surprises» et de «changements» pour les années à venir...