Des divergences assez importantes sont apparues entre Bouguerra Soltani, Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia. La question qui brûle les lèvres de tout journaliste en rencontrant le président du MSP a bel et bien trait au devenir de l'alliance présidentielle que tous les observateurs décrètent moribonde. Or, c'est loin d'être l'avis de Bouguerra Soltani. Depuis la rencontre du mois de mai dernier, «il y en a eu une autre, en date du 16 juillet, c'est-à-dire au cours des trois mois qui ont suivi la première, conformément au règlement intérieur de l'alliance», nous révèle en exclusivité notre invité. Celle-ci, apprend-on encore, «a duré plusieurs heures». Il y a été question, notamment, des sujets importants du moment, à commencer par le nouveau code de la famille et le projet de loi de finances. Or, la rencontre qui devait suivre logiquement au mois de novembre dernier, indique encore le président du MSP, n'a pu se tenir à cause des reports successifs du congrès du FLN, mais aussi des nombreux engagements ministériels d'Abdelaziz Belkhadem. L'argument, toutefois, ne résiste pas à une analyse poussée puisque les précédents sommets ont pu avoir lieu au plus fort de la crise du FLN, au moment où le ministre des Affaires étrangères avait à gérer des dossiers internationaux extrêmement sensibles, l'obligeant à voyager très souvent. La raison en est tout autre sans doute. Des divergences, peut-être inconciliables, sont apparues entre les trois partis membres de la coalition gouvernementale. En effet, si cette rencontre de ce mois de juillet a été maintenue secrète, le mot ici n'étant pas trop fort puisque toutes les spéculations relatives au devenir de l'alliance n'ont pas suffi à lever l'amalgame, c'est que des divergences sont apparues entre les trois responsables politiques. Il s'agit du code de la famille, mais aussi de la levée de l'état d'urgence. Il est vrai que dès le début, lors de la conférence conjointe animée à l'hôtel El-Aurassi, Bouguerra Soltani avait affiché la couleur en indiquant que son parti «garderait son autonomie et sa liberté de manoeuvre dans le cadre de l'alliance». Toujours est-il que tout en rejetant les théories relatives au leadership et à l'éventualité d'un remaniement gouvernemental, pouvant se trouver derrière une pareille «panne» de l'alliance présidentielle, Bouguerra Soltani n'en précise pas moins qu'il est hors de question d'aller vers une union présidentielle comme celle qui a été composée en France. «Ceux qui pensent comme nous n'ont qu'à se joindre à notre mouvement. Quant à nous, si nous nous mettions à avoir les mêmes idées que les autres, nous n'aurions qu'à nous dissoudre au sein du parti des autres». Tout cela, bien entendu, n'empêche pas le MSP de soutenir sans réserve le président Bouteflika, y compris dans l'éventualité de réviser la Constitution, telle que l'idée est évoquée avec insistance par les observateurs. Dans ce contexte précis, Bouguerra Soltani estime que «le tiers-monde que nous sommes a incontestablement besoin d'un régime présidentiel».