Les trois partis, à savoir, le FLN, le RND et le MSP ne se sont pas prononcés sur les dossiers politiques de l'heure, notamment l'amnistie. Aux lieu et place d'un bilan de leur coalition, ils se sont contentés d'une déclaration sans relief. Pour le premier anniversaire de sa création, l'alliance présidentielle constituée du RND d'Ahmed Ouyahia, du FLN, désormais sous contrôle de Belkhadem, et du MSP de boudjerra Soltani, en dépit des sourires et des accolades de circonstance, n'a pas réussi à cacher les divergences en sourdine qui minent cette entité politique : un retard d'un peu plus de deux heures sur l'heure prévue, une désorganisation qui traduit quelque précipitation dans la préparation de la rencontre et enfin un communiqué qui élude de façon magistrale les questions politiques de l'heure. Hier lors de leur sommet à l'hôtel El-Djazaïr à Alger, les trois partis de l'alliance présidentielle se sont fendus d'un communiqué axé uniquement sur “l'autosatisfaction” et la nécessité de parachever le processus de l'alliance. “Conscients de la confiance placée en eux en tant qu'alliés agissant sur la scène politique (…), les trois partis notent avec satisfaction le niveau de maturité politique de la classe politique et saluent les efforts du président au plan national et international pour une Algérie forte, un peuple libre et un développement national global”, note le communiqué commun des trois alliés. Ils félicitent également le FLN pour la réussite de son congrès, une réussite, disent-ils, “qui conforte l'alliance” et met fin à la période “d'attentisme” au moment où l'Algérie a besoin des “efforts” de tous ses enfants. Sur un autre registre, les trois partis appuient les efforts des militants pour la promotion de la pratique démocratique et les efforts nationaux pour la construction et la prise en charge des grands dossiers, en tant que programme du président plébiscité par le peuple le 8 avril 2004. Enfin, ils réitèrent leur fermeté à parachever “le processus de l'alliance” pour arriver à son niveau “politique parlementaire et électoral” qui garantirait la participation à la stabilité et au développement à l'ombre de la réconciliation. Bref, un communiqué qui pèche par l'absence de bilan et l'évacuation des principales questions, notamment l'amnistie générale et le code de la famille. Il faut dire que dans leurs interventions respectives, quelques divergences apparaissaient en filigrane. C'est ainsi que le chef du MSP n'a pas manqué de rappeler que “l'alliance n'est pas un parti et que chacun est libre à l'intérieur”. Si l'on ignore s'il est tétanisé par le retour du FLN, il demeure entendu que la formation islamiste suggère qu'elle reste attachée à sa vision sur le code de la famille. D'ailleurs boudjerra appelle “à la nécessité de la concertation” et se dit hostile à toute forme d'extrémisme, “qu'il vienne de l'est, de l'ouest, du sud, du nord, de l'intérieur ou de l'extérieur”, dit-il. Le MSP, qui soutient le programme du Président “dans ses grandes lignes”, soutient qu'il n'est pas “mu par le partage des fauteuils autant que par la nécessité de supporter le fardeau ensemble”. Enfin, il exprime un vœu : que l'alliance dure. À ces préoccupations, Ahmed Ouyahia, non sans le regarder régulièrement dans les yeux, lui répond de façon diplomatique. “L'alliance constitue, affirme Ouyahia, un saut pour sortir de certains concepts”. “Nous avons soutenu un homme autour d'un programme dans tous ses aspects et sur tous les changements qu'il espère apporter”. “On doit expliquer sur le terrain et on ne doit pas, au moment où on se revendique de la globalisation, applaudir le matin et s'interroger la nuit sur les objectifs”, soutient le chef du RND. Décodé : le moment est malvenu pour s'opposer à certains changements, à l'image, sans doute, suggère-t-il, du code de la famille. En tout cas pour lui, “l'alliance demeure” et constitue “une fierté” et la “sagesse reste dans l'efficacité, pas dans les rencontres”. À ceux qui supputent le retard pour la tenue de cette rencontre, Ahmed Ouyahia évoque la situation du FLN. Seul Belkhadem se contente d'affirmer que “l'alliance est un bienfait pour la classe politique et les militants” et que “la moitié du travail a été réalisé”. Comme Boudjerra, il exprime un vœu : que l'alliance dure. Dans un point de presse improvisé à l'issue de la signature du communiqué commun, les trois leaders ont réitéré que “l'alliance se porte bien” et qu'il “y a consensus entre les trois partis autour du dialogue entre le gouvernement et les archs”. Autre rappel : l'alliance reste ouverte aux partis qui partagent les mêmes engagements. Par ailleurs, le responsable du MSP a rappelé qu'il reste attaché à sa vision du code de la famille et qu'il appartient au peuple de trancher. À noter enfin que les trois partis ont convenu de se voir avant la fin du mois en cours au siège du FLN pour parachever la structure organique de l'alliance et faire le point sur une année d'activité. K. K.