Le président du Sénat Le nouveau deal que propose la Constitution n'agrée pas les tenants du chaos politique. Dans son discours de clôture de la session de printemps du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah a campé son rôle de deuxième personnage de l'Etat à travers de sévères répliques à ceux qui ont tendance à transgresser la ligne rouge en s'en prenant à l'institution présidentielle. Pour Bensalah, la démocratie et les libertés politiques ne devraient pas justifier des comportements tendancieux de certains acteurs politiques. Sans afficher une attitude autoritaire, le second personnage de l'Etat a estimé que la présidence de la République «est un symbole inattaquable pour nous». Le «pour nous» de Bensalah marque une volonté de ne rien imposer à la scène nationale, mais également une détermination à tracer la fameuse «ligne rouge» que le président du Sénat dit respecter. Il n'hésite pas à élever la présidence de la République «au même rang que le peuple et la Nation». Cet attachement viscéral à l'institution présidentielle, relève sans doute de l'importance que celle-ci incarne dans l'imaginaire des Algériens, mais certainement aussi pour le rôle central qu'elle tient dans la sauvegarde de la République. Plus que les institutions législatives et locales, la présidence de la République inspire un profond respect de la société et se confond avec l'histoire du pays. Il est entendu, en effet, que la République puise sa stabilité de la légitimité de cette institution, dont de grands hommes en ont présidé la destinée. Et à ce titre, ils ont gagné le respect et l'admiration des citoyens, quoi qu'on en dise. Le président du Sénat ne croit pas si bien dire lorsqu'il affirme dans son discours que «les institutions sont le réceptacle des Algériens, toutes obédiences confondues, ainsi que leurs préoccupations et aspirations». C'est dire que le propos de Bensalah va au-delà des aspects politiciens et il semble souhaiter que les politiques et les médias s'astreignent à un exercice plus respectueux de cette institution. Les affirmations du président du Conseil de la nation viennent, certes clore une session parlementaires assez particulière au regard des lois organiques adoptées, mettant les fondements de la nouvelle étape constitutionnelle, mais elles pointent surtout une opposition qui, faute d'arguments et de programme, a longtemps versé dans l'invective, l'insulte et la dérive verbale. Une opposition souvent non représentée dans les institutions du pays, qui est allée de ses exigences extravagantes qui vont à l'encontre de la légalité républicaine. Le souci de la préservation de l'institution présidentielle invoqué par Bensalah trouve sa justification aussi dans l'acharnement de petits partis politiques. Ces derniers séduits par des expériences «printanières» où l'on a marché sur la volonté du peuple sous couvert de révolution, font de leur mieux pour ramener l'institution présidentielle à leur hauteur. Cela passe par les accusations gratuites, l'insulte et la diffamation. Une partie de l'opposition algérienne a tout essayé pour «désacraliser» la République. Elle voudrait en faire une espèce de boutique où n'importe qui peut entrer, sans autorisation. Réclamer une élection présidentielle anticipée ou carrément suggérer une intervention de l'armée pour s'ouvrir les portes d'une transition où l'on se partage le gâteau, sont des attitudes rétrogrades, dont les conséquences seront d'installer le pays dans une instabilité chronique. On a vu cela à travers «des propositions de sorties de crises» invraisemblables qu'aucun citoyen n'aurait admises et que certains chefs de petits partis, le plus souvent islamistes, tentent de faire passer comme émanant de la volonté populaire. Il est vrai que les nouvelles lois organiques remettent les pendules à l'heure. Il ne sera désormais plus possible à des microformations de «louer» leurs cachets à des listes pas du tout représentatives. Il sera également très difficile de faire acte de candidature si, auparavant l'on ne bénéficie pas d'un minimum de crédibilité. Il faut désormais gagner sa place dans les institutions de la République. Mais une fois admis, les mêmes lois organiques «ouvrent un boulevard» à l'opposition. L'expérience institutionnelle accumulée par des hommes et des femmes qui ont sué pour y parvenir pourra les amener un jour au pouvoir. Pourquoi pas? En tout cas, le nouveau deal que propose la Constitution n'agrée pas les tenants du chaos politique, ceux qui aiment nager en eaux troubles et pratiquer l'insulte comme programme politique et l'instabilité en tant que perspective future au pays.