Le peuple algérien a opté pour un changement profond, mais un changement par la voie pacifique. Le président de l'Instance de concertation sur les réformes politiques, Abdelkader Bensalah, clarifie les règles du jeu. «Aucun acteur politique ne sera exclu des consultations, en dehors des tenants de la violence», a-t-il déclaré. Rencontrant hier les responsables du parti d'El Islah, Bensalah a voulu mettre les points sur les «i» pour éviter toute polémique. Il rappelle le verdict du président de la République selon lequel les tenants de la violence sont exclus de la vie politique par le peuple. Ainsi, à travers cette déclaration, est exclu un éventuel retour des responsables de l'ex-FIS (dissous) à la vie politique. Qu'en est-il des autres responsables qui ont été graciés suite au processus de réconciliation nationale? La question reste posée. Certes, la déclaration de Bensalah est claire. C'est un message fort à l'adresse des partis et personnalités politiques qui seront conviés à contribuer au débat sur les réformes. Dans sa déclaration liminaire à l'occasion de la rencontre d'hier, Bensalah a d'ailleurs mis l'accent sur ce point. «La contribution des partis politiques, personnalités nationales et société civile est impérative si nous voulons réussir ce changement dans la paix et la concorde et faire de l'année du 50e anniversaire de l'Indépendance nationale, l'année du renouveau démocratique», a-t-il clairement affirmé. A travers ces propos, Bensalah répond aux partis de l'opposition qui doutent de la nature de ces réformes. Le FSS et le RCD boycottent les concertations qu'ils qualifient de «mise en scène». Le président de la commission consultative a saisi l'occasion de sa rencontre avec l'état-major d'El Islah pour rassurer l'opinion publique. S'adressant à ses hôtes, Bensalah a tenu à assurer qu'aucune restriction ne sera imposée. «Aucune limite n'est posée au champ de la consultation si ce n'est le respect des constances nationales et des composantes de notre identité nationale», a-t-il expliqué. Bensalah n'a pas laissé l'ombre d'un doute quant au déroulement transparent des consultations. «Aucun projet de texte ne vous est imposé. C'est de vos vues, analyses, commentaires, suggestions et propositions que sortiront les éléments du projet de révision de la Constitution et les amendements qui seront apportés aux textes législatifs, objet de la réforme», a-t-il tenu à préciser. Et d'ajouter: «Soyez assurés que nous transmettrons à Monsieur le Président de la République, loyalement et fidèlement, toutes les opinions et propositions qui seront formulées autour de cette table.» Bensalah promet de prendre en considération les propositions des partis et de les introduire dans les textes de réformes. Pour lui, il s'agit d'une traduction de l'engagement «solennel» pris par le président de la République, dans son intervention au Conseil des ministres du 2 mai dernier. Bensalah a souligné que ces concertations entraient dans le cadre du «parachèvement de l'entreprise du renouveau national après la restauration de la paix et la relance de l'économie». Hier, El Islah a demandé le retrait du Code de la commune. Son président, Djamel Ben Abdeslam, a confié à la fin de l'audience avec le président de la commission consultative, qu'il avait demandé le retrait du Code. En raison de l'amendement apporté par le FLN à l'article 69, le projet de Code communal qui est au niveau du Conseil de la Nation risque d'être bloqué. Le parti a dit sa préférence pour un régime parlementaire pour que le poste de Premier ministre puisse revenir au parti ayant obtenu la majorité au Parlement. L'équilibre entre les institutions est aussi réclamé. Le parti veut limiter le nombre de mandats présidentiels à deux seulement. A propos de la loi sur les élections, le parti estime nécessaire que des commissions indépendantes composées de magistrats puissent contrôler les différents suffrages. El Islah veut aussi que la création des partis soit soumise au régime déclaratif pour ne plus dépendre de l'agrément de l'administration. Concernant la loi sur l'information, Ben Abdeslam appelle à la consécration du droit du citoyen en garantissant la liberté de la presse. Les régles de l'éthique, le Conseil supérieur de l'information et l'accès aux sources de l'information sont les autres revendications du parti. Evoquant le contexte régional, le deuxième personnage de l'Etat rappelle que «dans l'environnement régional, sont en train de s'opérer des mutations importantes, parfois tragiques, mettant en péril la souveraineté et l'unité nationales». Pour ce qui est de l'Algérie, Bensalah soutient que le peuple algérien a opté pour un changement profond, mais un changement par la voie pacifique. Autrement dit, le changement démocratique est en train de s'opérer sans pour autant user de la violence. Par ailleurs, et après El Islah, M.Bensalah a reçu dans l'après-midi d'hier, Mohammed Saïd, l'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2009 et président du parti non agréé, le PLJ. Ce matin, c'est l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Ghozali, qui sera reçu par Bensalah. Il rencontrera dans l'après-midi, les responsables du Mouvement de la société pour la paix. Les consultations politiques se poursuivront jusqu'au 30 juin prochain.