Une vue du Conseil des ministres présidé par le chef de l'Etat Le gouvernement a eu à ficeler tous les problèmes bien avant la rentrée sociale. Il pourra ainsi profiter du plaisir de la mer et du soleil à tête reposée. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a tenu hier un Conseil des minis- tres. Cette réunion, la dernière du genre, avant le départ du gouvernement en congé, a concerné plusieurs dossiers d'actualité. Le communiqué préliminaire de la Présidence a précisé que plusieurs projets de lois et d'importants dossiers, notamment socio-économiques, étaient à l'ordre du jour. Lors de ce Conseil, il était question de trancher le cas de plusieurs dossiers en suspens tels que la retraite anticipée, le nouveau modèle de croissance économique, le développement de la petite et moyenne entreprise. La question de la retraite anticipée, à elle seule constitue un véritable souci. Vu les réactions du monde du travail, le gouvernement a revu sa copie. Dans le document final sanctionnant la réunion du Conseil des ministres, il est spécifié que l'entrée en vigueur est fixée au 1er janvier 2017. Il énonce notamment le «rétablissement de l'obligation d'un âge de départ en retraite de 60 ans (55 pour les femmes) avec un minimum de 15 ans de travail» et la «possibilité» pour le travailleur d'exercer cinq années supplémentaires avec l'accord de l'employeur». Le texte donne aussi la possibilité aux «travailleurs exerçant dans des métiers hautement qualifiés ou déficitaires (qui seront définis par voie réglementaire) d'exercer au-delà de l'âge de la retraite», précise le communiqué publié au terme de la réunion du Conseil. Il a même anticipé les choses en prenant des dispositions pour garantir une bonne rentrée sociale. A ce titre, le Conseil des ministres est revenu largement sur le projet de modèle économique qui sera adopté prochainement pour marquer la nouvelle orientation économique. L'on apprendra que les investissement publics seront essentiellement orientés vers les secteurs à forte valeur ajoutée, tels que les énergies renouvelables, l'agro-industrie, les services, l'économie numérique et celle du savoir, l'industrie en aval des hydrocarbures et les mines. Des prévisions de croissance réalistes Le nouveau modèle de croissance repose aussi sur la reprise de la production des hydrocarbures, une stimulation de la création d'entreprises par la poursuite de l'amélioration du climat des affaires et l'ouverture des secteurs non stratégiques à l'investissement privé et public ainsi que la promotion des exportations hors hydrocarbures, détaille le communiqué. Ce faisant, cette démarche générera une croissance économique plus soutenue de 3,5% en 2016 et de 4% en 2017, selon la présentation faite au Conseil par le ministre des Finances, M.Hadji Baba Ammi. Cette démarche n'entravera en aucun cas l'aspiration de justice sociale de l'Etat algérien. A ce propos, le président Bouteflika a demandé au gouvernement de «poursuivre le dialogue et la concertation avec les partenaires sociaux et le monde de l'entreprise», indique le communiqué du Conseil des ministres. «C'est le modèle de croissance que nous sommes en train de déployer avec une vision claire jusqu'en 2019 et nous sommes en train de réfléchir pour l'élargir à l'horizon 2030», avait-il alors insisté. Le Conseil des ministres a examiné, en vue d'une adoption, la liste des hautes responsabilités de l'Etat ainsi que les fonctions politiques dont l'accès requiert la nationalité algérienne exclusive. Conformément à l'article 51 de la Constitution, les binationaux seront exclus des postes de haute responsabilité dans la Fonction publique. Le document note qu'au titre des responsabilités et fonctions civiles, les dispositions du projet de loi concernent les présidents des deux Chambres du Parlement et le président du Conseil constitutionnel, le Premier ministre et les membres du gouvernement, les présidents de la Cour suprême et du Conseil d'Etat, le gouverneur de la Banque d'Algérie, les responsables des organes de sécurité ainsi que le président de la Haute instance indépendante chargée de la surveillance des élections. Au titre du ministère de la Défense nationale, le projet de loi englobe les principales responsabilités et fonctions au sein de l'Armée nationale populaire et prévoit également que celles-ci pourraient être élargies à toute autre responsabilité militaire qui sera décidée par décret présidentiel, précise la même source. La mise en oeuvre de ces dispositions se fera avec la production par le concerné, d'une déclaration sur l'honneur de sa nationalité algérienne exclusive. Cela étant, le chef de l'Etat a évoqué la «diversification impérative» de l'économie nationale, l'amélioration du climat des affaires et la régulation du marché, tout en appelant les responsables nationaux et locaux à redoubler d'efforts pour informer l'opinion publique nationale sur les «conditions financières difficiles» que traverse le pays ainsi que sur les perspectives de croissance et d'emplois que l'Algérie est capable de réaliser à moyen terme. En insistant sur le maintien par l'Etat des avantages octroyés aux investissements en dépit des tensions pesant sur les recettes publiques, le Président Bouteflika a soutenu que le pays attendait des opérateurs économiques plus de dynamisme dans l'investissement, la création d'emplois et la conquête de parts sur les marchés extérieurs. L'autre projet examiné et endossé par le Conseil des ministres, a concerné Les petites et moyennes entreprises. Celles-ci bénéficieront, aux termes d'un avant-projet d'un «soutien modulé» notamment dans les filières prioritaires, ainsi que d'un appui aux investissements dans les domaines de la recherche, de l'innovation et de la sous-traitance. Cet avant-projet de loi d'orientation sur le développement des PME encourage également «l'émergence d'associations et de groupements professionnels des PME, ce qui favorisera le développement des synergies de filières». Cette nouvelle loi vient combler des failles qui ont donné lieu à des résultats «mitigés» de l'opération de mise à niveau des PME, lancée effectivement en 2012 mais qui n'a pas atteint tous ses objectifs. Dotée d'une enveloppe financière de près 386 milliards de DA, l'opération de mise à niveau visait 20.000 PME jusqu'à fin 2014. Cependant, seulement 5000 PME avaient adhéré à ce programme, soit 25% du programme, selon les chiffes de l'Andpme. Selon les chiffres du ministère de l'Industrie et des Mines, un peu plus de 900.000 PME opèrent actuellement en Algérie, un chiffre qualifié de «très faible» par rapport au potentiel du pays et aux objectifs du secteur. Dans cette optique, le plan d'action du gouvernement vise la création d'un million de nouvelles PME durant le quinquennat 2015-2019. Un million de PME en 2019 Le Conseil des ministres a examiné également d'autres dossiers relatifs à l'organisation de la sécurité et de la police de la circulation routière, ainsi qu'aux règles générales de prévention des risques d'incendie et des mouvements de panique. Le gouvernement a eu certainement à présenter dans la forme le projet de loi portant loi de finances 2017. Ce projet qui est en cours d'élaboration fera l'objet de plusieurs réunions, vu qu'il portera la nouvelle vision du gouvernement en temps de crise économique marquée par la chute des prix du pétrole et le retrait des réserves de changes. Il y a lieu de rappeler que la réunion d'hier est la deuxième du genre en l'espace de deux mois seulement. Le dernier Conseil des ministres a eu lieu le 31 mai dernier. Comme gage du compter sur soi, le Conseil des ministres a approuvé la conclusion d'un marché en «gré à gré» pour la première tranche de dédoublement de la voie ferrée minière de 177 km à l'est du pays d'un montant de 50,6 milliards de DA, confié à un groupement d'entreprises publiques. Il s'agit d'un accord conclu entre l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif) et un Groupement d'entreprises publiques nationales conduit par la société Cosider. Ce projet, qui sera réalisé dans un délai de 48 mois, porte sur les travaux de dédoublement et de modernisation d'un tronçon de 177 km de voie ferrée reliant Oued Kebir, Tébessa et Djebel Onk. A l'horizon 2020, la voie ferrée minière de l'Est assurera le transport de près de 26 millions de tonnes de minerai de phosphates et dérivés ainsi que de minerai de fer. La mise à niveau de cette voie ferrée sera effectuée parallèlement à la réalisation d'autres investissements en partenariat que l'Algérie a conclu récemment pour une plus grande valorisation des gisements de phosphates dans cette région du pays.