La société nationale a agi au mieux des intérêts nationaux dans le strict respect des lois en vigueur. Il y a finalement eu trop de bruits pour une «non-affaire». C'est en tout cas ce qui ressort de l'ensemble des documents et explications qui nous ont été fournis par le P-dg de la société nationale Anabib, en compagnie de ses avocats-conseils. «Il est absolument nécessaire pour nous, indique d'entrée de jeu M. Rahal, de restituer les faits dans leur contexte véritable et de prouver que les choses qui nous sont reprochées sont tout bonnement dénuées de tout fondement». Il est vrai, comme le rappelle si bien notre interlocuteur, qu'«au-delà du jugement de valeur persistent toujours les faits». Ainsi donc, toutes les preuves existent à propos de la propriété effective d'Anabib par rapport à ces tubes déclassés. Ils font partie des rejets automatiques d'un contrat conclu avec Sonatrach pour la fabrication de gazoducs en 1990. Cette société, du reste, est la seule, en plus d'Ispat Annaba, à fabriquer ce genre de produits. Les tubes déclassés, dans le cas où ils restent étanches, peuvent servir aux réseaux d'AEP. Dans le cas contraire, ils sont cédés sous la forme de ferraille. Jusque-là, rien d'anormal, d'autant que la marchandise était entreposée à Mohammadia dans une aire clôturée et surveillée appartenant à Bâtimétal. Rien d'anormal non plus qu'un particulier signe une convention avec l'Apc de Mohammadia pour le ramassage des déchets ferreux, à cette simple condition que la personne détentrice de cette autorisation «ne s'attaque pas à des aires protégées, appartenant à des sociétés nationales, et se confinent à exercer cette activité uniquement dans les espaces relevant du domaine de cette Apc». Il convient de souligner deux anomalies de taille en cette partie précise de cette affaire qui, en fait, n'en est vraiment pas une. La première est que le contrat estime à 0,70 dinar le kilo de déchet ramassé alors qu'Anabib, grâce à une vente aux enchères tout à fait transparente et légale, a cédé sa marchandise, prétendument litigieuse, pour la somme de 5 dinars le kilo, ce qui représente quand même la somme de 5,2 millions de dinars. Même si la somme paraît importante au profane, elle ne représente presque rien au regard de l'importance d'une société comme Anabib, dont les responsables n'auraient sans doute pas pu se fourvoyer dans une affaire aussi tirée par les cheveux. Le second fait qui mérite d'être relevé avec force, c'est que l'autorisation délivrée par l'Apc à ce particulier semble avoir été falsifiée puisqu'il y est rajouté, avec un caractère différent, couvert d'un cachet humide également différent, la possibilité de «ramasser» les tubes et les armatures métalliques. Une précédente tentative de prendre par la force ce matériel a été faite le premier juillet 2000. L'intervention rapide de la direction d'Anabib, secondée en cela par la gendarmerie, a fait avorter le projet. La seconde fois, ce particulier, véritablement tenace, s'est carrément servi d'un bulldozer pour venir du côté de la mer, détruire une dune et casser la barrière avant de faire rentrer une grue et plusieurs semi-remorques. Là encore, la tentative de «vol avec effraction» a été stoppée grâce au concours de la gendarmerie. Depuis, le matériel a été vendu le plus légalement possible et une transparence tout à fait irréprochable.