Après des semaines de bombardements, le régime de Damas a ouvert jeudi quatre corridors, puis hier quatre autres, pour encourager civils et combattants à fuir Alep est. Des «dizaines de familles» qui étaient assiégées ont quitté le secteur tenu par les groupes terroristes, à Alep, dans le nord de la Syrie, en empruntant l'un des couloirs humanitaires ouverts par le régime, a rapporté hier l'agence officielle Sana. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé à Londres, a rapporté également la sortie hier matin «d'un certain nombre de civils» du secteur Est assiégé de la métropole syrienne, à travers l'un des quatre passages évoqués par l'état-major syrien et le ministre russe de la Défense, dans le quartier de Salaheddine. «Des dizaines de familles sont sorties le matin des quartiers Est d'Alep à travers les couloirs (...) ouverts pour évacuer les citoyens assiégés par les groupes terroristes (les rebelles dans le jargon de la coalition internationale)», a indiqué Sana. «Les soldats les ont accueillies et les ont transportées dans des bus en direction d'abris temporaires», a précisé l'agence. Sana a ajouté qu'outre ces familles, «un groupe de femmes de plus de 40 ans sont également sorties des quartiers Est d'Alep à travers le passage de Salaheddine» qui est traversé par la ligne de démarcation, entre les secteurs Est rebelles et Ouest sous le contrôle du régime. L'agence signale également que des combattants ont rendu leurs armes, sans en préciser le nombre. Elle a publié des photos de femmes habillées en noir accompagnées d'enfants en file près de soldats ou prenant le bus. La chaîne officielle Al-Ikhbariya a diffusé également des images de quelques femmes et d'enfants en train de traverser une rue bordée d'immeubles dévastés par les violences. Après des semaines de bombardements et de siège, et avec la bénédiction de son allié russe, le régime a ouvert jeudi quatre corridors, puis hier quatre autres, pour encourager civils et combattants souhaitant déposer les armes à sortir des quartiers rebelles, avec l'objectif de s'emparer de l'ensemble de la deuxième ville du pays et signer ainsi sa plus grande victoire depuis le début de la guerre. Dans le secteur d'Alep tenu par les groupes terroristes, se trouvent assiégés depuis le 17 juillet quelque 250.000 habitants qui manquent de nombreux produits de base. La Coalition de l'opposition en exil aura pourtant tout tenté, y compris la menace, pour convaincre les habitants d'Alep de ne pas recourir aux «couloirs de la mort. Entre les assauts incessants et les raids aériens intensifs qui ont fait des centaines de morts et réduits en ruines les zones des groupes terroristes, les forces conjuguées de l'armée syrienne et de ses alliés (Russie, Hezbollah...) cherchent depuis des mois à reconquérir le secteur Est d'Alep. Depuis vendredi, Damas crie victoire, la télévision parlant d'»Alep victorieuse» et montrant des gens euphoriques du côté loyaliste de la ville. L'Onu avait réagi vendredi en proposant de prendre le contrôle des couloirs humanitaires, l'envoyé spécial pour la Syrie, Staffan de Mistura, arguant que «l'Onu et ses partenaires humanitaires savent ce qu'il faut faire» grâce à leur «expérience», compte tenu du fait que l'aide n'est plus parvenue à Alep depuis le 7 juillet. L'enjeu est vital pour l'opposition comme pour le régime tant il est évident que sans Alep, les groupes terroristes qui composent la rébellion «ne représenteraient plus une menace stratégique», malgré leur mainmise sur des parcelles de la province de Damas, notamment la Ghouta orientale, et quelques régions du sud du pays. Les autres zones sont en effet soit aux mains du régime syrien soit sous le contrôle de l'Etat islamique. En écartant la menace de la «rébellion», le régime de Bachar al Assad qui a réitéré sa volonté de dialoguer avec l'opposition pourra se consacrer pleinement à la lutte contre Daesh, dernier obstacle au retour de la paix et à la réconciliation en Syrie.