Il a été sur tous les fronts du combat pour la démocratie et contre l'ostracisme qui a frappé l'identité nationale. La région de Tassaft, dans la wilaya de Tizi Ouzou, se prépare activement pour accueillir les activités commémoratives du 22e anniversaire du décès de l'un des plus grands militants de la cause amazighe et de la démocratie en Algérie, Mustapha Bacha. A l'occasion de cet anniversaire, de nombreuses activités sont prévues, selon Ali Bacha, frère du membre fondateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), décédé le 6 août 1994. Cette commémoration aura un cachet particulier cette année puisqu'elle aura lieu sous l'égide de la Fondation Mustapha Bacha dont l'objectif est de défendre celui que Matoub Lounès qualifiait de «Ahviv n tegrawla». Cette fondation, créée par les proches et amis de Mustapha Bacha, a aussi pour ambition de défendre les valeurs et les principes démocratiques prônés par le défunt. Il s'agit ainsi de ne pas oublier les hommes qui se sont battus pour des idéaux qui allaient permettre à l'Algérie de ne pas sombrer dans l'intégrisme et pour la sauvegarde du caractère républicain du pays. Même s'il a disparu précocement, Mustapha Bacha avait déjà à son actif un parcours de militant riche. Très jeune étudiant à Alger, Mustapha Bacha s'était investi corps et âme dans le combat identitaire en intégrant parmi les premiers militants le Mouvement culturel berbère MCB qui allait mener une longue lutte pour la reconnaissance de la culture et la langue amazighes, celle-ci marginalisée et combattue par le régime politique depuis l'indépendance de l'Algérie. Un combat qu'il allait poursuivre sans relâche. Mustapha Bacha a été sur tous les fronts du combat pour la démocratie. En plus du Mouvement culturel berbère, Mustapha Bacha a été également l'un des artisans du Rassemblement pour la culture et la démocratie, le Mouvement pour la République, le Syndicat de l'union démocratique des travailleurs... Le nom de Mustapha Bacha est ainsi intimement lié à d'autres noms de grandes figures emblématiques de la lutte contre l'ostracisme qui a frappé pendant des années l'un des segments de l'identité nationale, à savoir tamazight. C'est le cas entre autres d'Arezki Abbout, Idir Ahmed Zaïd, Mouloud Lounaouci, Djamel Zenati, Arezki Aït Larbi, Saïd Khelil, etc avec lesquels il a partagé «les bancs» de combats justes ayant permis à l'Algérie de s'en sortir. Après les événements du printemps berbère et la libération de tous les détenus politiques, Mustapha Bacha fût l'une des chevilles ouvrières du premier séminaire tenu à Yakouren dans la wilaya de Tizi Ouzou et qui a donné naissance de manière officielle au Mouvement culturel berbère, MCB. C'était la première fois que le MCB allait être structuré et organisé. Juste après cette naissance d'un mouvement qui a réussi à fédérer toutes les forces démocratiques qui se battaient pour tamazight, Mustapha Bacha a renoué avec les geôles du parti unique. Il est de nouveau incarcéré, cette fois-ci pendant une année entière, de 1981 à 1982, car il avait été l'un des instigateurs de manifestations visant à exiger du pouvoir de l'époque la reconnaissance de la langue et culture amazighes et ce, à l'occasion de la Journée nationale de l'étudiant. Les manifestations en question ont eu lieu à Alger et ont ainsi constitué un prolongement des luttes qui se déroulaient en Kabylie. Mustapha Bacha n'était pas le genre de militant à courber l'échine ou à échanger ses convictions en contrepartie de privilèges pécuniaires. La prison et ses affres n'ont fait qu'aiguiser son âme de militant impénitent. A peine sa liberté retrouvée, il renoua avec ses armes de lutte pacifique, battis uniquement sur le débat d'idées. Il se battit jusqu'à son décès suite à un arrêt cardiaque au moment où l'Algérie avait encore besoin de lui. Il y a lieu de rappeler que Mustapha Bacha est né au village Tassaft Ouguemoun qui a aussi donné Mohia, le colonel Amirouche, Chabane Ouahioune... Il y passa son enfance avant de s'envoler pour la capitale afin d'y suivre des études supérieures où a éclos son combat.