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"600.000 véhicules immatriculés en 2015"
HASSEN KHELIFATI, P-DG D'ALLIANCE ASSURANCES ET VICE-PRESIDENT DE L'UAR, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 01 - 08 - 2016

img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P160801-06.jpg" alt=""600.000 véhicules immatriculés en 2015"" /
Dans cet entretien, Hassen Khelifati répond à nos questions sur les dossiers de l'heure comme l'emprunt obligataire, l'évolution des introductions en Bourse et l'indemnisation des victimes d'accidents.
L'Expression: Quel est l'impact de la réduction des importations de véhicules sur l'activité des compagnies d'assurance?
Hassen Khelifati: Au risque de vous surprendre, cela n'a aucun impact réel sur le chiffre d'affaires du secteur. Nous sommes impactés par la diminution de la commande publique, par la dévaluation de la valeur du dinar et aussi par le dumping et le bradage des prix pratiqués par les acteurs. La diminution des quotas d'importation des véhicules n'a qu'une portée relative sur le chiffre d'affaires du marché par la faute des compagnies elles-mêmes. Le dumping est un problème structurel et la diminution ou l'augmentation des quotas automobiles n'aura aucun impact. La dévaluation du dinar a un impact direct sur la facture de remboursement des sinistres automobiles représentant plus de 70% de la facture remboursement. Entre 2014-2015, les pièces de rechange ont subi une augmentation de plus de 50% cumulés alors que les primes d'assurance ont connu une diminution à cause de la guerre des tarifs qui met la solvabilité et la viabilité des compagnies en jeu.
Comment, dans ces conditions, les acteurs vont faire face à leurs engagements futurs et avoir les moyens financiers pour rembourser les sinistres avec de telles pratiques?
Le régulateur doit agir très vite. En attente d'une action collective au sein de l'UAR (Union des assureurs et réassureurs algériens), nous avons décidé de prendre des mesures internes de sauvegarde pour mieux maîtriser l'activité de souscription et de règlement de sinistre. Nous avons le plus petit stock de sinistres à payer avec 10.000 dossiers toutes années confondues alors que la norme nationale est de quelques dizaines sinon de centaines de milliers de dossiers par compagnie. Mais vous ne pouvez pas être efficaces et innovants si votre seule préoccupation est de survivre dans un environnement hostile. Il est temps que le régulateur intervienne et mette un terme à cette situation préjudiciable. Le dumping ne peut pas donner la capacité aux acteurs de faire face à leurs engagements futurs et payer facilement leurs sinistres. Cette pratique de bradage de prix est à l'origine de l'accumulation de centaines de milliers de dossiers sinistres non encore payés. Il faut que cela cesse avant de se retrouver en incapacité de payer et de laisser des assurés sans possibilité de recouvrir leur dû.
Fixer un quota de 300.000 véhicules ou de 50.000 n'aura aucun impact. En 2015, l'Algérie a importé environ 300.000 véhicules, avec les stocks antérieurs, on estime les immatriculations nouvelles en 2015 à 600.000 véhicules, le chiffre d'affaires additionnel possible sur cette seule branche est de 24 milliards de DA, si on ajoute les autres branches, nous devrions enregistrer environ 30 milliards de DA. Selon les chiffres provisoires communiqués par le Conseil national des assurances, le marché dans sa partie «dommages» n'a progressé que de moins de 200 millions de DA, soit 0,2% en progression annuelle. Cela veut dire tout simplement que tout le potentiel additionnel est dilapidé dans le dumping, le bradage et les prix cassés.
En ces temps de disette, les intérêts du Trésor sont-ils sauvegardés?
Il y a 20% d'impôts directs, soit quelque 6 milliards de DA de manque à gagner.
Le régulateur et l'UAR ont la responsabilité morale et politique de prendre leurs responsabilités et de prévenir toute crise systémique future et protéger les centaines de milliers d'assurés en attente d'indemnisation. Nous pourrons nous entendre sur une feuille de route engageante et graduelle pour commencer à redresser la barre dans l'intérêt de tous.
Le secteur des assurances a décidé d'imprimer davantage de célérité dans la prise en charge des indemnités, quel bilan faites-vous de ce chantier?
Depuis 2012, il y a une concertation entre le régulateur et les membres de l'UAR. Depuis septembre 2014, le rythme a été accéléré sous l'impulsion des responsables de l'UAR, à leur tête le président et le délégué général. Les dossiers antérieurs à 2010 ont été assainis et nous venons d'achever l'assainissement des dossiers 2011 qui a vu la liquidation de plus de 24.000 dossiers sinistres de 2011 pour un montant de 1 milliard de DA. Cette opération concerne les compagnies signataires et adhérentes à la convention Arcm (Assainissement des recours au coût moyen). Engagement a été pris pour achever l'assainissement de 2012 avant août 2016. Pour les autres compagnies non adhérentes, nous souhaitons qu'elles nous rejoignent afin d'accélérer l'assainissement et régler définitivement ce dossier. Pour les années à venir, nous allons mettre en application une convention validée par le régulateur: l'Irsam (Indemnisation et règlement des sinistres autos matériels). Elle définit les délais et le processus de liquidation des dossiers inter-entreprises dans l'aspect responsabilité civile et dégâts matériels automobiles qui ne doivent pas dépasser deux mois. En dossiers sinistres, le matériel automobile constitue, à notre estimation, 90% du volume. Certaines sources parlent de moins de 2 millions de dossiers sinistres en stock en attente de règlement toutes compagnies confondues, toutes branches et toutes années confondues. Ce chiffre doit être conforté par les institutions du secteur CNA, UAR et Dass/MF.
L'emprunt obligataire a-t-il suscité assez d'intérêt auprès des compagnies et quels sont les autres outils de leur participation à l'économie nationale?
Les assureurs sont des investisseurs institutionnels par excellence et le marché financier constitue une bonne opportunité d'investissement des provisions et réserves financières. La rémunération de cet emprunt est très attractive. Il y a aussi la qualité de signature de l'Etat algérien qui compte. Alliance va souscrire une première tranche de 1 milliard DA dès juillet et d'autres suivront.
Quelles sont d'après vous les perspectives d'évolution de la Bourse après l'épisode de la cimenterie de Aïn Kebira (Scaek)?
Le marché financier algérien enregistre avec regret le retrait de l'introduction en Bourse de la Scaek qui n'a pu recueillir que moins de 5%. Cela est la conséquence de la non-prise en compte de nos alertes et demandes de régler le problème de l'animation et de la liquidité de la place boursière. Il y a une rupture grave et profonde de la confiance entre les investisseurs et la place et il sera très difficile de la rétablir sans prise de décisions audacieuses.
Nous pouvons trouver d'autres raisons à cet échec: mauvais timing du lancement, campagne de communication peu bruyante, manque d'accompagnement professionnel, non-implication des managers, lancement simultané de l'emprunt obligataire. Tant qu'il y a un gramme de risque de pénalisation de l'acte de gestion, cela bloquera les initiatives des managers et les mettra en position de statu quo. Nous avons proposé un chiffre de 1 à 3% du CA des institutions à investir obligatoirement dans l'animation boursière. Nous ne souhaitons pas un débat stérile, bureaucratique et byzantin des commissions multisectorielles cela ne servira qu'à diluer les responsabilités, noyer le poisson sans avancer d'un iota. L'échec de l'introduction de Scaek est néfaste sur la place et le processus d'introduction des sept autres titres publics CPA, Mobilis, Cosider, etc. Quant au titre Alliance, vu l'inertie du marché secondaire, nous essayons de le soutenir en mettant en place une communication financière permanente et nous essayons d'assurer une issue à toutes offres de ventes par des offres d'achat équivalentes. Depuis une année aucune offre de vente n'est restée sans réponses adéquates.


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