L'Arabie saoudite a vendu son pétrole pour les pays asiatiques 1,30 dollar moins cher que les cours officiels, «il s'agit de la plus importante réduction de prix en presque un an», selon les experts. Le chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole fait un bébé dans le dos des autres membres du cartel. Il brade son or noir pour garder ses parts de marché. «Des nouvelles en provenance d'Arabie saoudite durant le week-end pèsent également sur les prix. Le plus gros producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a réduit ses prix de vente officiels pour les consommateurs asiatiques en septembre de 1,30 dollar par baril» par rapport au mois d'août, rapportaient les analystes du second groupe bancaire allemand Commerzbank. «Il s'agit de la plus importante réduction de prix en presque un an et suggère un nouvel épisode de guerre des prix pour (défendre) des parts de marché», soulignaient-ils. Une initiative qui pourrait être fatale aux cours de l'or noir. Les prix du baril se rapprochent inexorablement de la barre des 40 dollars. Hier vers 12h00, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, s'échangeait à 42,90 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, soit un recul de 63 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en septembre se négociait à 41,04 dollars, soit une baisse de 56 cents comparativement à la séance du 29 juillet. L'offensive saoudienne va probablement contrarier leur rebond, Riyadh nous ayant habitués à souffler le chaud et le froid. Rappels.Après avoir montré qu'il était revenu à de meilleures dispositions pour tenter de mettre fin à la dégringolade du baril entamée voilà plus de deux années, depuis le mois de juin 2014, le gendarme de l'Opep semble avoir de nouveau pactisé avec ses vieux démons. En effet, au plus fort de la descente aux enfers des cours de l'or noir, il avait décidé de les laisser filer. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou à 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait déclaré le 22 décembre 2014 l'ex-ministre saoudien du Pétrole, Ali al Nouaïmi. Selon la stratégie dictée par le chef de file du cartel, l'extraction du pétrole de schiste, américain notamment, qui ne deviendrait pas rentable à partir d'un certain niveau, épongerait le surplus d'or noir et pousserait par conséquent les prix à la hausse. Un calcul qui n'a pas donné le résultat escompté. Mis à part le fait qu'il ait signé le départ d'une guerre des prix qui ne dit pas son nom. Terriblement affectés par le plongeon du pétrole, les gros pays producteurs, à leur tête les Saoudiens avaient tenté de rattraper le coup en décidant de planifier leur production. Au terme d'une réunion qui s'est tenue le 16 février à Doha, l'Arabie saoudite, la Russie, le Qatar et le Venezuela ont annoncé le gel de leur production à son niveau de janvier. «Afin de stabiliser les marchés pétroliers, les quatre pays sont convenus de geler la production à son niveau de janvier, pourvu que les autres grands producteurs fassent de même», avait déclaré le ministre qatari de l'Energie, Mohammed Saleh al-Sada. Une autre rencontre avait été programmée deux mois plus tard dans la capitale qatarie pour entériner cette action. Le 17 avril ce fut la désillusion. L'accord mort-né fut torpillé par Téhéran et Riyadh sur fond de règlement de comptes. Depuis, le baril a connu des fortunes diverses. Après avoir franchi la barre des 50 dollars le 8 juin dernier, il a refait le chemin inverse, lâchant quelque 10 dollars en moins de deux mois. La fuite en avant des Saoudiens peut le couler.