Riyadh et Téhéran ont torpillé un accord qui semblait pourtant à portée de main, les prix du pétrole ont plongé. C'est la désillusion! L'Organisation des pays exportateurs offre une piètre image d'elle-même. Ses principaux membres s'étripent publiquement et portent la responsabilité de l'échec de la réunion de Doha qui s'est tenue le 17 avril. Riyadh et Téhéran ont torpillé un accord qui semblait pourtant à portée de main, les prix du pétrole ont plongé. «Un sentiment de déception indéniable a submergé les marchés mondiaux (hier, Ndlr) suite à l'échec de la réunion de dimanche dernier (17 avril, Ndlr) à Doha qui a anéanti le peu de crédibilité qui restait à l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), soulignait Lukman Otunuga, analyste chez Fxtm. Cela devait être l'aboutissement, le couronnement, de la réunion du 16 février dernier qui s'est tenue dans la capitale qatarie. L'Arabie saoudite, la Russie, le Venezuela et le Qatar s'y étaient retrouvés pour annoncer un accord négocié visant à geler leur production. «L'Arabie saoudite et la Russie, les deux premiers producteurs de brut, sont convenues mardi (16 février 2016, Ndlr), au terme d'une réunion à Doha avec le Qatar et le Venezuela, de geler leur production à son niveau de janvier. Afin de stabiliser les marchés pétroliers, les quatre pays sont convenus de geler la production à son niveau de janvier, pourvu que les autres grands producteurs fassent de même», avait annoncé le ministre qatari de l'Energie, Mohammed Saleh al-Sada. A l'exception de l'Iran qui a fait faux bond, tous les autres pays gros producteurs d'or noir ont adhéré à cette initiative qui s'inscrit, entre autres, dans l'esprit de l'offensive diplomatique sans précédent, lancée par l'Algérie et initiée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour sensibiliser les pays producteurs (Opep et non Opep) à la dégringolade des prix du pétrole. C'était sans compter sur la haine ancestrale que se vouent la République islamique d'Iran et le Royaume wahhabite. En décidant de boycotter ce rendez-vous et de ne pas suivre les consignes qui en ont découlé, Téhéran a courroucé Riyadh qui a donné l'impression de vouloir le faire capoter. Une guerre de tranchées dans les deux camps. «La réunion de Doha est pour ceux qui veulent participer au plan de gel de la production», avait affirmé le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh. «Dans la mesure où il n'est pas prévu que l'Iran signe ce plan, la présence d'un représentant de l'Iran à cette réunion n'est pas nécessaire», avait-il ajouté. Le vice-prince héritier du Royaume wahhabite, Mohammed ben Salmane, avait déclaré de son côté dans une interview publiée le 16 avril par Bloomberg, que son pays ne gèlerait sa production de brut que si l'Iran en faisait autant. Cela semblait mal barré. Le verdict est tombé après six heures de tractations. «Des négociations à Doha entre de grands pays producteurs de pétrole pour limiter la production de brut se sont achevées dimanche dernier sans accord», a déclaré le ministre qatari de l'Energie. Le coup de grâce assuré pour le baril. La réunion de Doha qui représentait une des dernières chances pour les pays producteurs, qui ont vu leurs recettes fondre comme neige au soleil suite à la dégringolade des cours de l'or noir, allait les enfoncer davantage. «Les prix du pétrole ont commencé la nouvelle semaine d'échanges avec de lourdes pertes à la suite de la réunion des producteurs de pétrole la veille à Doha qui s'est terminée sans qu'un accord ne soit atteint», ont noté les analystes de Commerzbank. La baisse la plus prononcée allait se faire ressentir sur le marché asiatique. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai reculait de 2,02 dollars, soit 5,00% à 38,34 dollars dans les échanges électroniques. Tandis que le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en juin, abandonnait 1,97 dollar, soit 4,55% à 41,13 dollars. Hier vers 11h30 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin se repliait de 93 cents par rapport à la cloture de vendredi pour s'afficher à 42,17 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai perdait 1,13 dollar à 39,23 dollars. Est-ce à nouveau la descente aux enfers? Trop tôt pour le dire. Cela dépendra probablement du niveau des stocks et du déclin de la production du pétrole de schiste américains. Ce qui est certain par contre, c'est que l'Arabie saoudite et l'Iran portent une responsabilité «historique» quant au recul des cours de l'or noir.