«Les choses sont allées de mal en pis pour le pétrole» «Les choses sont allées de mal en pis pour le pétrole quand l'Iran a estimé que l'accord de gel de la production proposé par la Russie et l'Arabie saoudite était une plaisanterie...», soulignent les experts. Les cours de l'or noir ne sont pas près de sortir du rouge. Parmi les facteurs qui y contribuent il y a la position adoptée par l'Iran par rapport à la décision prise le 16 février dernier. Au terme d'une réunion qui s'est tenue à Doha, les deux poids lourds du secteur, l'Arabie saoudite et la Russie (dont les productions additionnées s'élèvent à plus de 20 millions de barils par jour), le Venezuela et le Qatar avaient décidé de geler leur production à son niveau de janvier. Une démarche qui consistait à faire remonter les prix qui ont perdu plus de 70% de leur valeur depuis la mi-juin 2014. Il était pratiquement sûr que la République islamique d'Iran, ennemie jurée du Royaume wahhabite n'allait pas accueillir la proposition «russo-saoudienne» de gel de la production des pays exportateurs, à son niveau de janvier pour stopper la dégringolade des prix, avec le sourire aux lèvres. Il n'empêche cependant qu'un maigre espoir subsistait pour la voir y acquiescer, l'Iran dont l'économie repose essentiellement sur ses exportations d'hydrocarbures au même titre que les pays de l'Opep ne pouvant que souffrir de la chute des cours de l'or noir. Apparemment le désir de «vengeance» l'aura emporté. Les deux pays qui sont opposés pratiquement sur tous les plans, particulièrement dans leurs prises de position par rapport aux conflits syrien, yéménite...alors que précédemment l'Arabie saoudite qui était favorable au maintien des sanctions occidentales contre l'Iran, dans le cadre de son programme nucléaire, voyait d'un mauvais oeil son retour sur le marché pétrolier. La coupe étant pleine, Téhéran s'en est très certainement souvenue et a en quelque sorte voulu rendre la monnaie de sa pièce à Riyadh à travers la dégringolade des prix du pétrole que cette dernière avait longuement entretenue jusqu'à ce qu'elle affecte très sérieusement ses finances. Elle lui a occasionné un déficit budgétaire historique de 98 milliards de dollars (89,2 milliards d'euros) en 2015. Le dernier des soucis pour la République des mollahs qui a signifié son «niet» aux desiderata saoudiens. Téhéran et Riyadh règlent leurs comptes. Au ministre saoudien du Pétrole Ali al-Naïmi qui avait déclaré mardi dernier qu'il avait bon espoir qu'un accord soit trouvé, en mars, avec d'autres pays producteurs pour obtenir un gel de production permettant à terme de rééquilibrer le marché, son homologue iranien Bijan Namadar Zanganeh lui a répondu, en qualifiant de «plaisanterie» cette démarche alors qu'une semaine auparavant il avait déclaré que l'Iran soutenait «toute mesure visant à stabiliser le marché et augmenter les prix». «Les choses sont allées de mal en pis pour le pétrole quand l'Iran a estimé que l'accord de gel de la production proposé par la Russie et l'Arabie saoudite était une plaisanterie'', puis quand cette dernière a déclaré qu'il n'y aurait pas de réduction de production», soulignaient Mike Van Dulken et Augustin Eden, analystes chez Accendo Markets. Résultat: le baril trinque. Hier vers 12h40 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 32,56 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 71 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance perdait de 1,03 à 30,84 dollars. «Les projets de l'Iran d'accroître sa production après la levée des sanctions internationales sont une épine dans le pied des autres pays producteurs qui semblent parvenir à un consensus sur le fait que la production doit (dans son ensemble) rester à son niveau actuel si on veut progressivement réduire les excédents», expliquait Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets. Entre Téhéran et Riyadh c'est pratiquement: «Je te tiens, tu me tiens par la barbichette.» Ce n'est donc pas demain que le baril reprendra du poil de la bête.