Les chefs de la diplomatie des cinq pays membres se sont entendus autour d'une relance salvatrice pour toute la région. L'UMA, volontairement mise en panne depuis une dizaine d'années à cause des tergiversations marocaines, semble enfin promise à une vie nouvelle. C'est du moins la conclusion première qui ressort de la rencontre de ce week-end tenue à Rabat entre les ministres des Affaires étrangères des cinq pays membres. Ainsi, ces travaux ont-ils pris fin ce jeudi à Rabat par l'adoption de l'ensemble des recommandations du comité de suivi, la prorogation d'une année du mandat du secrétaire général de l'Union et un appel pour la redynamisation du rôle de l'UMA au sein des grands ensembles politiques et économiques régionaux. De pareilles résolutions, comme il s'en prend à toutes les occasions, pourraient sonner de la même manière creuse, n'étaient les échanges épistolaires opérés dans le même temps entre le président algérien et le roi marocain. Ce dernier, qui a sans doute pris conscience de l'inanité des blocages que son royaume entretient systématiquement, retardant une mue planétaire appelée à se faire avec ou sans les Etats membres de cette union, semble s'être résolu à mettre pas mal d'eau dans son vin. C'est du moins ce qui ressort de ses deux messages adressés au chef d'Etat algérien. Notre chef de la diplomatie, loin de demeurer en reste, a pour sa part annoncé à partir de la capitale marocaine, un sommet, sans doute historique, entre Bouteflika et Mohammed VI, lequel aura lieu à Alger en marge du sommet de la Ligue arabe prévu en grande pompe dans notre pays les 22 et 23 mars prochain. Pour revenir à cette réunion des ministres des Affaires étrangères, que beaucoup d'observateurs qualifient de décisive, puisqu'elle a permis de redonner vie à des instances mises en veilleuse depuis pas mal de temps déjà, il convient de dire que les participants en ont profité pour adopter, notamment les recommandations du comité de suivi portant sur le cadre juridique, le fonctionnement et les moyens à mettre en oeuvre pour la réactivation des organes et des institutions de l'UMA ainsi que le renforcement de leur rôle. Ils ont également adopté le budget du SG de l'Uma pour l'année 2005, ainsi que le rapport de la commission de contrôle du budget du secrétaire général pour l'année 2003. Ils ont également, au cours de leurs travaux, appelé au renforcement du rôle de cette union tant au sein de la Ligue arabe qu'au sein des ensembles régionaux, notamment avec les partenaires euro-méditerraéeens. Ils ont, à ce titre, préconisé l'adoption d'une position commune des pays de l'UMA lors des cérémonies de célébration du 10e anniversaire de la création du processus de Barcelone, qui doivent se dérouler en décembre prochain en Espagne. Dans son intervention devant ses homologues tunisien, libyen, mauritanien et marocain, le ministre algérien a notamment appelé à une «refondation des relations au sein de cet ensemble», mais aussi à «l'approfondissement du rôle de l'UMA au sein des organisations politiques régionales, notamment au sein de la Ligue arabe». Il a également estimé que le 16e anniversaire de la création de l'UMA doit constituer une nouvelle opportunité pour redynamiser l'union et lui donner les moyens d'insuffler un souffle nouveau dans le renforcement de l'action commune des pays membres pour le développement social, économique et culturel au Maghreb. M.Belkhadem a, d'autre part, appelé les pays membres de l'UMA à jouer un rôle plus dynamique au sein de la Ligue arabe et donner à l'action maghrébine commune un rôle plus prépondérant dans la résolution des problèmes que traverse actuellement le monde arabe. De leur côté, les ministres des Affaires étrangères tunisien, libyen, mauritanien et marocain ont également appelé à la redynamisation du rôle de l'UMA dans la construction d'un ensemble politique, économique, social et culturel maghrébin plus solidaire face aux défis qu'imposent aux peuples de la région la mondialisation et les enjeux de l'intégration aux grands ensembles économiques régionaux. De pareilles résolutions s'inscrivent en droite ligne des véritables défis auxquels l'UMA aura véritablement à faire face dans le proche avenir, ce qui tend à confirmer que ses Etats membres ont enfin décidé de sortir de leur léthargie et d'aller de nouveau vers le processus d'édification, conformément à la charte de Marrakech, dans laquelle la question du Sahara occidental ne figure en aucune façon. Il y a fort à parier, du reste, que Bouteflika et Mohammed VI, à l'occasion de leur future rencontre d'Alger, fassent l'annonce de la tenue prochaine du sommet de l'UMA, reporté depuis une dizaine d'années, ballottant cette union d'un Etat à un autre et fragilisant grandement ces derniers devant les grands ensemble auxquels ils ont à faire face.