Seul le dégel des relations entre Alger et Rabat a rendu possible la relance du processus d'édification de l'UMA. Finalement, et après une dizaine d'années de gel forcé, le processus d'édification de l'UMA (Union du Maghreb arabe) semble sur le point de repartir sur des bases plus solides. C'est du moins ce qu'il faut entendre de l'annonce faite par le chef de la diplomatie libyenne, en visite hier à Alger. Après l'audience qu'il a eue avec son homologue algérien, Mohamed Béjaoui, en présence du ministre d'Etat, représentant du président Bouteflika, Abdelaziz Belkhadem, Saïd Aribi Hafiane, citant un message du leader libyen Mouammar Kadhafi, a annoncé que «le sommet de l'UMA aura lieu les 25 et 26 mai prochains en Libye». Cette annonce confirme donc officiellement que la relance du processus d'édification de l'UMA est redevenue effective. L'Algérie, qui en assurait la présidence depuis le milieu des années 90, a été contrainte en quelque sorte de «botter en touche» en cédant le témoin à la Libye en 2002, après que le sommet eut été reporté pour la énième fois à cause des réticences et tergiversations marocaines, liées expressément à la question du Sahara occidental. S'en est suivie une très longue phase d'hibernation, durant laquelle les Etats membres de l'UMA ont été contraints d'aller négocier en rangs dispersés leur adhésion à l'Union européenne dans le cadre de la mise en application du processus de Barcelone. L'Algérie, pour sa part, a toujours privilégié l'apaisement et le dialogue constructif. A ce titre, elle n'a eu de cesse de rappeler que la question du Sahara occidental ne la concerne en aucune manière, et qu'elle relève exclusivement du ressort des Nations unies, notamment la commission en charge de la décolonisation. Ce n'est pas tout. La charte de Marrakech, portant création de l'UMA, signée en 1989, donc bien après la naissance du conflit sahraoui, apparu, lui, en 1975 à la suite de la marche verte du défunt Hassan II, ne fait aucunement référence à cette question. Il semble ainsi que les deux rencontres qu'a pu avoir le président Bouteflika avec le roi Mohammed VI, en marge du Sommet arabe d'Alger, aient permis de dénouer la crise d'une manière diplomatique sans pareille. Pour la première fois en effet, et depuis de nombreuses années, le Maroc a accepté, devant le Conseil de sécurité, que la question du Sahara occidental soit traitée au sein des instances onusiennes compétentes. Sans doute n'en fallait-il pas plus pour que la rencontre préparatoire du sommet de l'UMA, qui a eu lieu récemment à Marrakech, décidât que plus rien n'empêchait désormais la tenue du sommet. Dont acte. Il est à rappeler que les statuts de l'UMA, dont le dernier sommet s'est tenu à Tunis en 1994, prévoient un sommet annuel des chefs d'Etat. Mais deux sommets ont été annulés à la dernière minute à Alger, en juin 2002 et décembre 2003.