«Le parti qui n'a pas de programme politique n'a pas d'avenir, l'alliance stratégique fait partie de cette catégorie», souligne le président du MRN. M.Abdallah Djaballah, président du Mouvement pour la réforme nationale MRN, a tiré, jeudi, à boulets rouges sur l'Alliance stratégique. Dans un discours prononcé devant ses élus locaux d'Alger, ce dernier reproche à ce pôle politique de vouloir «verrouiller le champ politique», et de tenter de s'imposer comme «la seule alternative» devant le peuple. Ce chef islamiste n'est pas allé par quatre chemins pour affirmer que «l'alliance, qu'on qualifie de stratégique, voudrait faire retourner le pays quarante ans en arrière en imposant la vision unique». Cette intervention intervient vingt-quatre heures après le conclave de l'alliance dans lequel ses chefs de file, en l'occurrence, MM.Bouguerra Soltani, Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia, respectivement président du MSP et secrétaires généraux du FLN et du RND, ont insisté sur le fait qu'«en aucun cas, il est dans l'intention de l'Alliance de barrer le chemin aux autres formations politiques en Algérie.» «Le parti qui n'a pas de programme politique n'a pas d'avenir», insiste Djaballah, devant ses cadres. L'Alliance stratégique semble faire partie de cette catégorie, fait-il savoir. Très virulent, Djaballah affirme que «le vent de la démocratie qui souffle sur le pays a en effet servi le régime en haut lieu, et les partis qui ont vu le jour pour défendre leurs visions et politiques sous le fallacieux prétexte de la préservation de l'unité et de l'intérêt national», qualifiant cette démarche de «pur opportunisme politique». Jeudi, le chef du parti a tenu à marquer ses distances avec «ces pratiques» et par là même avec le pouvoir. Aucun infléchissement donc dans la position de ce parti rongé par une crise interne et dont le congrès reste suspendu à la décision du tribunal d'Alger. Djaballah a instruit ses militants à rester plus fidèles que jamais à la ligne politique tracée par le parti: «Dans les pays démocratiques, ajoute-t-il, la bataille politique se dispute sur le volet social» , et d instruire ses 127 élus locaux au niveau d'Alger «à rester attentifs aux doléances des citoyens et de s'intéresser davantage à leurs préoccupations.» Encore une fois, Djaballah insiste en accusant l'Alliance stratégique, en des termes à peine voilés, de dresser des obstacles aux élus locaux du MRN. «Nos élus trouvent des difficultés à accomplir leurs missions sur le terrain. Des entraves leur sont dressées par des partis politiques, y compris ceux issus de l'Alliance stratégique.» Djaballah n'aborde pas la manière ni les instruments de ces «manoeuvres» qui à en croire ses dires, «bénéficient de la bénédiction de l'administration.» Ce parti ne compte pas «se laisser faire» et met en garde les Algériens contre les conséquences néfastes d'un courant politique et d'une orientation «rétrograde qui vise à consacrer le despotisme et la pensée unique». «Le parti ne baisera pas les bras. Nous ferons tout pour faire barrage à cette machine de répression par les voies démocratiques». Sur un autre sujet, les élus locaux du MRN présents jeudi à cette rencontre ont nié tout contact avec les «redresseurs.» Un choix soutenu par M. Djaballah qui a réaffirmé, à qui veut l'entendre, que la crise «relève du passé».