L'alliance consacre la vision unique, selon lui. «Le MSP a fait beaucoup de mal au courant islamiste en Algérie. En faisant le choix stratégique de mettre dans le tiroir son programme pour des portefeuilles ministériels, ce parti ne représente plus aujourd'hui le courant des frères musulmans» Ce sévère réquisitoire contre la formation de M.Boudjerra Soltani émane du président du Mouvement de la réforme nationale El Islah, M. Abdallah Djaballah, qui a été jeudi, l'invité de l'émission Quanaât (Conviction), diffusée sur les ondes de la Chaîne I de la radio nationale. Pour le chef d'El Islah, le courant islamiste en Algérie n'a pas reculé. Il aura même l'occasion de prouver son ancrage dans la société algérienne à la faveur des prochaines échéances électorales, à savoir les législatives et les locales de 2007. «Pourvu que les conditions de la transparence soient réunies», atteste-t-il. Mais même avant ces dates butoirs, «El Islah, qui résiste aux manoeuvres du pouvoir, a démontré qu'il bénéficie d'une base très large au sein de la société», souligne Djaballah. Affirmant qu'il est «le leader du courant islamiste en Algérie», El Islah estime qu'il est «le parti le mieux placé à même de participer à une coalition gouvernementale pour gérer les affaires du pays» Et pour cause, «nous constituons la deuxième force politique dans le pays». Théoriquement Djaballah n'a aucun inconvénient, donc à prendre part au pouvoir, ce qui est loin d'être un scoop. Djaballah a toujours jugé que son parti n'est pas contre le principe de participer à une coalition gouvernementale, mais comme il l'a réitéré jeudi, «les conditions ne s y prêtent pas encore pour des raisons liées aux choix politiques de notre parti». Sur le même plan, Djaballah renvoie la «léthargie» de la scène politique à une élite très influente au sein du système, «qui détient le pouvoir de décision». Cette dernière, a-t-il souligné, mène une véritable campagne de dénigrement contre l'opposition. «El Islah qui est dans le collimateur du pouvoir, n'a pas échappé à ces manoeuvres». Bien au contraire, «il semble que nous figurons en tête des partis qui gênent le système, de par nos positions». La raison est connue, El Islah a refusé et refusera toujours de se plier à la règle générale ou plutôt, au jeu des alliances, qu'on dit stratégiques, malgré toutes les surenchères. L'occasion pour ce dernier de revenir sur la crise qui ronge son parti depuis près de deux ans. «Nous sommes convaincus au parti qu'elle ne sera pas la dernière». Notons qu'effectivement, ce leader islamiste n'en est pas à sa première crise. En 1999, Djaballah a été contraint de sortir d'Ennahda par la petite porte après des dissensions internes. Jeudi, Djaballah a pointé un doigt accusateur sur le procureur général du tribunal d'Alger, «qui est derrière le blocage que connaît l'affaire en justice» opposant les deux partis antagonistes d'El Islah. «Ces crises n'ont pas affaibli le parti. Il a pesé de tout son poids sur la scène politique lors des débats à l'APN sur des projets aussi importants que la loi de finances et celle relative à la corruption.» Les propositions d'El Islah, notamment celle relative à l'interdiction de l'importation des boissons alcoolisées, ont été rejetées en bloc par les députés de l'alliance. L'invité de «Quanaâte» a tiré à boulets rouges sur l'alliance stratégique dont «les choix politiques risquent de mener le pays vers le chaos». Djaballah a prédit l'échec de ce bloc politique. «Cette alliance contre nature entrave l'activité politique dans le pays». Il ajoute: «Je ne trouve pas normal que des partis mettent de côté leurs lignes politiques respectives d'une manière publique et officielle pour adopter un autre programme.» Le président d'El Islah ne s'arrête pas là ; il reproche aux partis de l'alliance d'avoir plébiscité «la vision du parti unique». Dans le chapitre économique, Djaballah a soutenu la revendication syndicale relative à l'augmentation du Snmg à 15.000 DA.Il a appelé dans ce sens les syndicats à ne pas baisser les bras. «Nous estimons que l'augmentation des salaires est une revendication légitime. Celle-ci devra constituer la priorité et du gouvernement et des syndicats, et ce, afin de rétablir la paix sociale.» Dans ce sens, El Islah a réitéré son soutien aux syndicats autonomes, rappelant l'initiative de ses députés ayant proposé l'installation d'une commission parlementaire pour enquêter sur le refus d'octroyer l'agrément aux syndicats de l'éducation nationale, à savoir le CLA et le Cnapest. Enfin, Djaballah a suggéré la mise en place d'un front arabo-islamique pour contrecarrer «la campagne de dénigrement visant l'Islam», à la suite de la publication des caricatures sur le Prophète Mohamed «Qsssl», par la presse danoise. Le président d'El Islah approuve la thèse «du boycott économique». Il a annoncé enfin, l'organisation d'un rassemblement, jeudi prochain à Annaba, pour protester contre ces attaques contre l'islam.