Le Pouvoir a fauté dans le traitement de la crise de Kabylie dès le début », a lancé Abdallah Saâd Djaballah, président du Mouvement pour le renouveau national (MRN), lors de son passage au forum hebdomadaire du quotidien El Youm, organisé hier au siège du journal à la maison de la presse Tahar Djaout. La visite effectuée avant-hier par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, dans la région, est, pour cheikh Djaballah, « une supercherie ». Cette virée, a-t-il déclaré, est loin de fermer le dossier de Kabylie qui perdure depuis avril 2001. « Pensez-vous que cette visite peut apaiser les cœurs ? Je ne le pense pas », a-t-il rétorqué. Pour lui, la stratégie adoptée par les pouvoirs publics dans le traitement du dossier a échoué. Cheikh Djaballah a affirmé, en effet, que ces derniers devaient revoir les élections locales au lendemain de leur déroulement. Sur la question du dialogue gouvernement-archs, le leader contesté du mouvement s'aligne sur la position du FFS et du PT et déclare que « les décideurs ont fauté par l'initiation d'un tel dialogue avec une faction des archs ». Il suggère, par ailleurs, « un dialogue responsable et serein auquel prendront part toutes les parties, notamment les partis politiques ». De ce fait, son parti ne prendra pas part aux échéances locales anticipées tant que la stratégie globale par rapport à ce dossier n'est pas revue. Pour l'officialisation de tamazight, Djaballah est pour l'option référendaire. Interrogé, par ailleurs, sur les raisons de sa crainte d'intégrer le gouvernement, cheikh Djaballah se défend qu'il ne peut rallier un Exécutif où les partis s'effacent au profit du programme du président de la République. « Je ne peux accepter d'appliquer une politique des autres qui ne voient que les intérêts des partis », a-t-il dit. « La politique, pour nous, n'est pas le commerce, mais une science », a-t-il ajouté. Le président du MRN n'a pas manqué, à l'occasion, de fustiger l'Alliance présidentielle qui constitue, selon lui, « un vrai danger pour le pays et une régression par rapport aux acquis du multipartisme ». A ses yeux, « il faut combattre cette alliance ». Evoquant la crise interne de sa formation politique, Djaballah précise : « Je défie quiconque de me fournir des preuves attestant le fait que j'ai procédé à l'annulation de décisions du parti ». Pour lui, « toutes les décisions émanent en toute souveraineté du conseil consultatif (madjlis echoura) du parti ». Prévu pour les 29, 30 et 31 décembre 2004, puis reporté pour cause d'autorisation, Djaballah a annoncé que le premier congrès de son mouvement se tiendra les 5 et 6 mai 2005. Revenant sur les réformes engagées par M. Bouteflika, l'orateur a critiqué sévèrement leurs résultats en les qualifiant de « catastrophiques ». Invité à donner son avis sur le probable retour du week-end universel dans notre pays, Djaballah estime que « chaque communauté (musulmane, chrétienne et juive) possède son propre week-end et le nôtre a été choisi par Dieu ». Djaballah souhaite, enfin, que toute la classe politique s'inscrive contre la mondialisation du fait de ses retombées sur le triple plan politique, économique et social.