Pour les aviculteurs, les raisons sont évidentes, tant que les prix du mais et du soja demeurent toujours en hausse. A 370 DA le kilo, le poulet est désormais un produit de luxe dont la consommation n'est réservée qu'à une certaine catégorie de la société, au même titre que la viande rouge et le poisson. Se vendant à ce prix-là en pleine saison estivale, celui-ci ne sera que plus élevé dans les jours qui viennent coïncidant avec la baisse des températures. En tout cas, c'est ce qu'affirment tous les intervenants dans cette filière. Pour les aviculteurs, les raisons sont évidentes, tant que les prix du maïs et le soja- principaux aliments de la volaille- se vendent toujours très cher et que les charges de l'élevage ne font qu'augmenter(l'électricité, le loyer, la main-d'oeuvre, l'eau,). C'est l'avis aussi des commerçants spécialisés dans la vente de ce produit, qui ne cessent de se plaindre de l'augmentation des charges relatives notamment à l'abattage dans des abattoirs, le conditionnement, la location des chambres froides et le transport. Ces raisons sont-elles les seules qui expliquent la flambée de ce produit dont on disait autrefois que l'Algérie est le deuxième producteur en Afrique après l'Afrique du Sud? De l'avis de plusieurs spécialistes et experts en aviculture, la réponse est non et que les véritables raisons sont à chercher dans le mode et la nature même des pratiques commerciales caractérisant le marché en Algérie. Selon ces derniers, la filière avicole évoluant, jusqu'à maintenant faute d'une stratégie efficiente des pouvoirs publics la visant, dans le même contexte économique et commercial que les autres filières agricoles(les fruits et marchandises), subit les mêmes pratiques. Entre autres, la spéculation. Les aviculteurs au même titre que les commerçants recourent à cette pratique. Alors que les aviculteurs privilégient certaines périodes telles que les fêtes et le mois de Ramadhan pour écouler de grandes quantités de volaille, les commerçants eux recourent après l'achat de volaille auprès des éleveurs à son stockage dans des chambres froides pour ne la présenter à la vente qu'en petites quantités, engendrant une certaine rareté de ce produit sur le marché. Mlle Zahia Abbad, ingénieur en agronomie, spécialiste en élevage animal que nous avons approchée à ce sujet, affirme que cette pratique bien qu'elle existe et se pratique à grande échelle par bon nombre de commerçants et aviculteurs, ne peut en aucun cas être à l'origine à elle seule, de cette flambée des prix du poulet. «L'aviculture est une filière très fragile et elle est très peu développée en Algérie. Les maladies qui touchent cette filière sont nombreuses et elles sont dévastatrices quand elles surviennent. Ce sont ces maladies-là qui sont à l'origine de l'abandon de cette filière par les aviculteurs», dira-t-elle, regrettant que ces derniers se battent tout seuls pour le succès sur le terrain de cette filière. La feuille de route tracée en juillet de l'année dernière lors de la réunion du Conseil national interprofessionnel de la filière avicole et le ministère de l'Agriculture n'a pas encore donné ses fruits. Cette réunion avait comme objectif, souligne-telle, de réunir les conditions d'anticipation des interventions publiques et privées pour la régulation et l'organisation de la filière avicole à partir de mois du janvier 2016 jusqu'à 2019.