En attendant le poulet brésilien, les prix de la volaille vont substantiellement augmenter. C'est le pronostic fait par les représentants de la filière volaille algérienne, suite aux nouvelles augmentations des prix des aliments d'aviculture. L'aviculture pâtit des flambées des prix des aliments et du parc matériel : En effet, le président de l'Association nationale de la filière avicole (ANFA), Mokrane Mezouane a annoncé hier une nouvelle flambée des prix de la volaille et des œufs. Selon lui, la cause de cette flambée intempestive des prix est inhérente aux fluctuations du marché mondial des aliments de l'aviculture. En effet, les aviculteurs sont confrontés depuis un mois à une augmentation « frénétique et injustifiée » des prix des aliments, comme le maïs et le soja. Mokrane Mezouane a déclaré hier au journal on-line TSA, que «le prix d'un quintal de maïs a connu durant cette semaine une hausse de 400 DA sans aucun motif valable. Plus explicitement, le SG du syndicat des aviculteurs accuse frontalement les importateurs, qui dominent le marché à hauteur de 95% imposent leur loi sur le marché. Selon un autre aviculteur de la région d'Oran, «si les marges brutes en volailles de chair ont progressé grâce à une conjoncture favorable, cette embellie est toutefois tempérée par l'augmentation du coût de production ». D'après beaucoup d'éleveurs qui souffrent déjà des prix actuels, ne survivraient pas à cette flambée. L'aliment fait à base de maïs et de soja est le principal élément de la production avicole. Il représente 70% du coût de revient. La marge brute s'établit en poulet, à peine 150 dinars le mètre carré et en dinde à 200/m⊃2; (les chiffres sont approximatifs). Aussi, en poulet, le coût de production s'est accru des mois à 20da/m⊃2;/lot pour atteindre 50 da /m⊃2;/lot. Cette hausse provient principalement de l'augmentation des frais d'élevage et de litière (+ 30 %), des frais d'enlèvement (25 %) ainsi que des prix d'aliments. En outre, la récente flambée du prix des céréales va impacter la filière volailles, qui devra batailler pour en répercuter l'impact sur la distribution, afin de conserver sa valeur ajoutée. A l'unanimité, les aviculteurs craignent, que, une mort préméditée pour la filière qui patauge dans une situation difficile depuis des années. D'après l'interlocuteur de TSA, «l'explication mise en avant par les opérateurs en question, c'est que le prix du maïs est en hausse sur le marché international. Mais ce que nos importateurs oublient de préciser, c'est que cette augmentation sur la Bourse des céréales concerne les ventes des mois prochains. Or, cette augmentation est appliquée par ces opérateurs sur le maïs importé, il y a plusieurs mois à bas prix ». Pas de bénéfices pas d'investissements ! Le président de l'ANFA a également fait état de la désuétude du parc de la filière. En effet, le parc matériel est vieillissant. Et la filière volailles de chair a besoin d'investir dans de nouveaux bâtiments et dans du matériel performant pour maintenir ses performances techniques. Encore faut-il que la trésorerie permette de faire face à ces investissements. En conséquence, l'autofinancement disponible est très faible et les aviculteurs se retournent vers les banques et pronostiquent que les nouveaux emprunts pour le financement d'actifs vont doubler voire tripler. Il faut noter également, que la productivité du travail s'accroît. En effet, l'augmentation de la taille des structures ne s'accompagne pas d'un accroissement proportionnel de la main d'œuvre. Sur ce registre, « c'est l'effet domino. L'augmentation des prix de l'aliment va contraindre les éleveurs à revoir à la hausse des prix de leurs produits, qui sont déjà élevés. Les ventes chez le boucher vont diminuer, ce qui contraindrait beaucoup d'aviculteurs à mettre la clé sous le paillasson, avertit-il. In fine, le syndicat des aviculteurs interpelle le Gouvernement à intervenir rapidement pour sauver la filière. «Il s'agit de l'avenir de quelque 100.000 fermes d'élevage qui risquent de disparaître en emportant avec elles des centaines de milliers d'emplois », conclut le syndicaliste.