L'orateur ne dit pas mot sur l'amnistie générale, se contentant d'affirmer: «Chaque chose en son temps». Dans son allocution devant des centaines de militants, mais également face à des invités de marque, tels Adbelamadjid Sidi-Saïd, Khalfa Mébarek de l'Onec et le tout fraîchement élu à la tête de l'Organisation nationale des moudjahidine, Saïd Abadou, le secrétaire général du RND n'est pas allé de main morte avec l'opposition. Si pour ce qui concerne le FFS et le PT, Ouyahia a usé d'allusions dans ses critiques, il n'a par contre pas mâché ses mots concernant le MRN de Abdallah Djaballah. Evoquant les émeutes de Djanet de 2001, le n°1 du RND a explicitement mis en cause un enseignant, militant d'El-Islah d'avoir fomenté les troubles. Une attaque frontale s'il en est, à l'endroit du parti islamiste, accusé avec d'autres formations politiques d'être derrière les récentes émeutes qui ont éclaté à cause de la flambée du prix du gaz butane sur le marché parallèle. «Un responsable de l'alliance a déclaré que les «troubles du butane» n'étaient pas le fruit de manipulation. Allez donc voir les tribunaux et vous vous rendrez compte que des militants de partis politiques y sont jugés pour avoir déclenché ces émeutes», lance le secrétaire général du RND, comme pour appuyer les propos qu'il a déjà tenus sur le sujet. Manipulation, Ouyahia y croit fermement. En plus des partis politiques qu'il dit mêlés aux tentatives de soulèvements populaires, il pointe un doigt accusateur en direction des forces de la rente qu'il rend responsables des troubles survenus un peu partout dans le pays. «Ils veulent rééditer Octobre 88 et les troubles de l'année 90», accuse-t-il, tout en soutenant que ces rentiers, qui «ont pour but la sauvegarde de leurs privilèges, ont trouvé en face d'eux un Etat fort». Cette conviction, Ahmed Ouyahia l'exprime avec force. Il revendique le retour de l'Etat auquel, dit-il, le RND a participé à sa sauvegarde. Retraçant les circonstances qui ont conduit à la naissance de ce parti, il précisera que la formation qu'il dirige est la convergence d'une multitude de forces vives de la nation. «Les travailleurs, les familles victimes du terrorisme, les patriotes ont créé le RND, non pas pour ajouter un sigle supplémentaire au paysage politique, mais pour défendre les idéaux de Novembre», insistera-t-il. A ce propos, Ouyahia fait revenir l'assistance aux années de feu et proclame que les positions de son parti, frontalement contre le terrorisme, relevaient de «l'autodéfense». «Nous n'avons pas pris les armes parce que nous aimons la violence, mais parce que notre devoir était de sauver le message de Novembre», soutiendra le n°1 du RND qui a tenu à rappeler que son parti «a soutenu la loi sur la Rahma en 1995 et la Concorde civile en1999, et aujourd'hui nous sommes avec la réconciliation nationale». Preuve, selon Ahmed Ouyahia, que le RND est une formation qui aspire à la paix, mais à une paix où les concepts de démocratie, de République et de modernité prennent tout leur sens. Cela dit, l'orateur ne dit pas mot sur l'amnistie générale, se contentant de dire: «Chaque chose en son temps», mais insiste sur la paternité de la politique de réconciliation nationale, comme étant une initiative exclusive du chef de l'Etat. «Il y a un droit d'auteur qu'il faut respecter», dira-t-il, allusion sans doute à ses partenaires dans l'alliance qui, chacun pour son compte, tente d'en tirer des dividendes politiques. Pour Ouyahia, le message de Novembre va au-delà de la libération du pays. Il évoque les différentes réformes engagées par le chef de l'Etat, comme autant de chantiers qui vont dans le sens de l'accomplissement du «message novembriste».