L'art de rater une saison estivale Un établissement hôtelier qui a pour habitude de faire le plein au mois d'août ne fonctionne qu'à 40% de ses capacités. Béjaïa, région touristique par excellence, ne brille cette année que par des bilans macabres et déficitaires sur tous les plans. Et ce ne sont pas les bilans de la Protection civile et des opérateurs économiques qui vont nous contredire, eux qui se plaignent du matin au soir de leur sort. Après l'accident qui a décimé toute une famille mercredi dernier dans la région de Kafrida, les secours de la Protection civile ont été dépêchés pour porter secours aux victimes d'un accident de la circulation, survenu sur la RN-24, au lieu-dit Tighremt relevant de la commune de Toudja, daïra d'El Kseur. Il s'agit du dérapage d'un véhicule léger qui a dévalé une pente abrupte, pour se stabiliser à quelques mètres de la mer, ayant à son bord trois jeunes, le conducteur âgé de 23 ans et un passager âgé de 21 ans ont été sauvés alors que le troisième ayant été éjecté vers la mer, a été repêché après d'intenses recherches, à environ 1 500 m du point de chute. Il est décédé et n'avait que 19 ans. Tout au début de la même nuit, les services de la Protection civile, ont eu à se déplacer sur la même route à hauteur du Phare de B'ni Ksila pour le dérapage d'une autre voiture avec au bout, quatre blessés évacués avant l'arrivée des secours et un mort transféré par la Protection civile vers la morgue du CHU de Béjaïa. Un jeune de 23 ans, de Souk El Djemâa, commune de Toudja. Vers 06h00 du matin les plongeurs ont été dépêchés pour retrouver une victime qui voulait se photographier sur les digues et les rochers de la plage non gardée, dite Elmaaden dans la commune de Tichy, avant de chuter et disparaître peu après en mer. Il s'agit d'un jeune homme de 22 ans, originaire de Biskra. Vers 19h50, les éléments de la Protection civile ont transféré vers la polyclinique de Souk El Tenine, le cadavre d'un jeune homme âgé de 26 ans, originaire d'El Eulma dans la wilaya de Sétif, trouvé en train de flotter au large, repéré et repêché par un pêcheur, au niveau des falaises de Melbou. Depuis le début de l'année jusqu'au 12 août 2016, le bilan général de la Protection civile donne froid dans le dos. A travers tout le réseau routier et ferroviaire de la wilaya, la Protection civile a dénombré 1129 accidents ayant engendré 1384 blessés et 40 morts. En matière de surveillance des plages et baignades, à ce jour, les 34 plages surveillées ont vu l'affluence de plus de 5000.000 baigneurs avec en appoint 5428 interventions au total, réparties comme suit: 3361 personnes sauvées d'une noyade, 1724 personnes soignées sur place, 137 personnes évacuées vers les structures sanitaires, 158 personnes secourues sur des engins ou embarcations et malheureusement 12 noyés décédés en mer. Sur le plan économique, la «catastrophe» est le maître mot des opérateurs qui mettent en cause la politique des pouvoirs publics. Un établissement hôtelier qui a pour habitude de faire le plein au mois d'août ne fonctionne qu'à 40% de ses capacités. Les travaux en pleine saison estivale, la politique «répressive» des pouvoirs publics envers certains opérateurs, et le laxisme en matière d'application de la loi de la République, sont pointées du doigt pour expliquer un état de fait inédit pour une région touristique des plus indéniables. Pas besoin de l'écrire noir sur blanc. La réalité est là pour rappeler à certains que l'art de la gouvernance est la prévoyance et à Béjaïa c'est loin d'être le cas. La présente saison l'atteste sur tous les plans.