Cet apport exceptionnel en argent frais est de nature à agir sur l'inflation qui risque de grimper de quelques points. Le plan quinquennal de consolidation de la croissance, doté d'un budget de 50 milliards de dollars, bénéficiera principalement aux secteurs de l'habitat et des infrastructures, apprend-on de bonnes sources. Représentant 60% du BIP, le plan présidentiel fait la part belle aux programmes de construction de logements, puisque ces derniers sont concernés par 25% du montant global de la dotation budgétaire spéciale. Cela représente la bagatelle de 12 milliards de dollars sur cinq ans. Les infrastructures de base seront financées à hauteur de 23% des 50 milliards de dollars, alors que 16% iront aux ressources humaines et 15% seulement seront orientés vers les activités économiques. Colonne vertébrale du programme socio-économique du chef de l'Etat, ce plan vise principalement à réduire la pauvreté à travers l'accomplissement d'un effort sans précédent sur le logement social et la réalisation d'une multitude d'infrastructures à vocation essentiellement sociale. La part du lion accordée à ces deux secteurs traduit également la volonté de l'Etat de booster le marché de l'emploi, sachant que l'habitat et les travaux publics constituent de grands pour s de postes de travail. Ainsi, l'objectif de deux millions d'emplois et le million de logements en cinq ans, annoncés par le président de la République, trouvent-t-ils un début d'explication à travers les dotations budgétaires dans le cadre du plan de consolidation de la croissance. D'autre part, la part laissée aux activités économiques (15% du montant global) est, lui, révélateur de la détermination de l'Etat de ne plus jouer un rôle d'opérateur et de privilégier le caractère de régulateur dans la sphère économique nationale. La pyramide de la distribution des enveloppes financières destinées à réaliser le plan présidentiel, indique donc, une disposition clairement affichée des plus hautes autorités de la République à faire des ressources supplémentaires consécutives à l'envolée des prix du pétrole, une sorte de rampe de lancement pour une dynamique économique nouvelle où les aspects sociaux viennent, non pas alourdir la charge de l'Etat, mais participer à augmenter le pouvoir d'achat de la société, afin que celle-ci puisse donner un coup de fouet à une production encore, faut-il le souligner, en-deçà de ce qu'elle devrait être pour constituer un secteur industriel réellement performant. Cela dit, cet apport exceptionnel en argent frais est de nature à agir sur l'inflation qui risque de grimper de quelques points face à une sphère économique impuissante à répondre à une demande en augmentation. Aussi, pour réduire les effets inflationnistes d'un plan d'une telle ambition, les observateurs de la scène nationale, estiment nécessaire, un engagement plus efficient des investisseurs, à même de réduire la fracture entre une demande en hausse, grâce à l'élévation du niveau de vie, et la production de biens de consommation. Autrement, ce sont les importateurs qui vont combler le vide, avec les répercussions que l'on devine sur l'état du Trésor public, en plus du fait que les importations ne dégagent aucune plus-value en termes de richesses pour la nation. Ces observations expliquent le forcing que tentent les plus hautes autorités de la République pour convaincre les opérateurs étrangers à venir investir en Algérie. Il faut savoir, en effet, que sans une implication directe ou indirecte du capital privé dans le plan de consolidation de la croissance, ce dernier risque d'être quelque peu éphémère en termes de création d'emplois. Le premier plan de relance économique, doté de 7 milliards de dollars, a péché par l'absence d'un engagement effectif de l'investissement économique. A méditer.