Après le sommet informel qui doit se tenir à Alger à la fin du mois de septembre, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole accueillera la Russie en octobre à Vienne, en Autriche. Les choses s'accélèrent. Les pays producteurs sans pratiquement aucune exception pâtissent de la dégringolade des prix du pétrole. La situation a commencé à se dégrader vers la mi-juin 2014. Elle perdure encore aujourd'hui. Pour certains, à l'instar du Venezuela, c'est carrément l'asphyxie. L'Arabie saoudite, chef de file de l'organisation qui, depuis la descente aux enfers du baril, a milité bec et ongles pour le statu quo, a affiché un déficit budgétaire historique en 2015 de l'ordre de 98 milliards de dollars (89,2 milliards d'euros). Une situation intenable sur le plan intérieur alors qu'elle doit de surcroît assumer ses coûteuses interventions militaires au Yémen, en Syrie et en Irak. Cela doit logiquement suffire pour que le Royaume wahhabite change son fusil d'épaule. Les prémices d'un changement de stratégie est palpable. «La situation du marché pétrolier, y compris toute initiative qui pourrait être nécessaire pour le stabiliser, sera discutée le mois prochain (en septembre, Ndlr) lors d'une conférence qui réunira à Alger les pays producteurs membres et non membres de l'Opep, a affirmé, le 11 août, Khalid al-Falih cité par l'agence Reuters. «Nous aurons une rencontre ministérielle du FME en Algérie le mois prochain et c'est une opportunité pour les ministres de l'Opep et de pays exportateurs majeurs non Opep de se rencontrer et de discuter de la situation du marché, y compris de toute action possible nécessaire pour stabiliser le marché», avait confié par ailleurs le ministre saoudien à l'agence de presse officielle saoudienne SAP. La Russie qui s'était déjà associée à l'initiative prise à Doha le 17 février 2016 en compagnie de l'Arabie saoudite du Qatar et du Venezuela pour parvenir à un accord sur le gel de la production des gros producteurs ne semble pas vouloir baisser les bras afin d'y parvenir après l'échec consommé de cette dernière, le 17 avril au Qatar, suite à des dissensions irano-saoudiennes. «Une rencontre est prévue en octobre à Vienne, la date précise sera déterminée par les voies diplomatiques dans un futur proche», a annoncé mardi dernier le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, qui a indiqué qu'une délégation russe s'était rendue au siège de l'organisation pour évoquer la tenue d'une future réunion du Dialogue énergétique Russie-Opep. Sur quoi ont porté les pourparlers? Lors de sa visite à Vienne, la délégation russe a discuté avec l'Opep de «la situation actuelle sur le marché du pétrole et (des) prévisions concernant son évolution, ainsi que des aspects de la coopération entre Moscou et l'organisation», a précisé Alexandre Novak. La réaction des cours de l'or noir ne s'est pas fait attendre. Mardi vers 17h00 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 48,93 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 58 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en septembre gagnait dans le même temps 64 cents à 46,38 dollars. «La montée des cours, hier, (mardi) a été favorisée par la tenue d'une réunion à Vienne entre des responsables du ministère russe de l'Energie et leurs homologues de l'Opep où ils ont parlé de la situation sur les marchés mondiaux du pétrole. C'est très vague, mais ce contact a été interprété comme un pas en direction d'une éventuelle action pour réduire l'approvisionnement de pétrole sur le marché», a fait remarquer Tamas Varga, de PVM. Hier, le baril qui était focalisé sur le rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie (DoE), a demandé à souffler. Pour probablement mieux rebondir... surtout si l'Opep décide de fermer ses vannes.