L'Arabie saoudite revient enfin à la raison Le Royaume Wahhabite qui a subi de plein fouet la dégringolade des prix du pétrole doit de surcroît assumer ses coûteuses interventions militaires au Yémen, en Syrie et en Irak. Le baril n'a pas attendu. Il a immédiatement réagi à la déclaration du ministre saoudien du Pétrole. Elle a agi comme de la nitroglycérine. Jeudi, vers 17h30 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 46,18 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres enregistrant un gain de 2,13 dollars par rapport à la clôture de mercredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en septembre engrangeait pas moins de 2,04 dollars pour s'afficher à 43,75 dollars. Une progression qu'il a maintenue. Hier vers 05h30 à Alger, le baril de light sweet crude gagnait 46 cents à 43,95 dollars, dans les échanges électroniques en Asie tandis que le baril de Brent progressait de 32 cents, à 46,36 dollars. «La situation du marché pétrolier, y compris toute initiative qui pourrait être nécessaire pour le stabiliser, sera discutée le mois prochain lors d'une conférence qui réunira à Alger les pays producteurs membres et non membres de l'Opep, a affirmé, le 11 août, Khalid al-Falih cité par l'agence Reuters. «Nous aurons une rencontre ministérielle du FME en Algérie le mois prochain et c'est une opportunité pour les ministres de l'Opep et de pays exportateurs majeurs non Opep de se rencontrer et de discuter de la situation du marché, y compris de toute action possible nécessaire pour stabiliser le marché», avait confié par ailleurs le ministre saoudien à l'agence de presse officielle saoudienne Sap. Sans le dire explicitement l'Arabie saoudite n'écarte pas une éventuelle baisse de sa production. Riyadh a t-il changé son fusil d'épaule? C'est fort probable. Le Royaume wahhabite, qui a subi de plein fouet la dégringolade des prix du pétrole, doit de surcroît assumer ses coûteuses interventions militaires au Yémen, en Syrie et en Irak. Il ne peut pour cela se contenter d'un prix du baril de ce niveau qui lui a occasionné un déficit budgétaire historique de 98 milliards de dollars (89,2 milliards d'euros) en 2015 pour financer les expéditions militaires armées qu'il a engagées alors que sur son front intérieur les bruissements d'une fronde sociale se font de plus en plus sonores. Pour toutes ces raisons il est fort probable que le rendez-vous d'Alger marquera un tournant dans la position de l'Opep par rapport à la baisse des cours de l'or noir. Les pays membres de l'organisationn, sous la pression de leur chef de file, avaient opté pour le statu quo. Le Venezuela, dont l'économie a été laminée par la chute des prix du pétrole, avait redoublé d'effort pour le rompre. C'est sous sa houlette que l'Arabie saoudite et la Russie, les deux premiers producteurs de brut, ont convenu mardi (16 février 2016, Ndlr), au terme d'une réunion à Doha de geler leur production à son niveau de janvier. Une initiative avortée par les dissensions irano-saoudiennes. Caracas est revenue à la charge. «Nous faisons les démarches pour que très bientôt nous ayons une nouvelle réunion des pays producteurs et exportateurs de l'Opep et ceux qui ne sont pas dans l'Opep, Russie en tête, en tant que plus gros producteur de pétrole et exportateur hors Opep», avait déclaré, le 4 août, le chef de l'Etat vénézuélien Nicolas Maduro lors d'une allocution télévisée. Une ténacité qui pourrait avoir raison de l'intransigeance de Riyadh. La question sera tranchée fin septembre à Alger.