«Un des membres influents du BP a piétiné le portrait du président lors de la campagne pour le 2e mandat.» L'intensité et le rythme de la contestation qui s'est propagée aux quatre coins du pays prennent de l'ampleur au sein des structures locales du FLN. L'approche des rendez-vous électoraux, joue certes le rôle d'accélérateur de la débandade, mais n'explique pas à lui seul la généralisation du déraillement jamais égalé depuis le Xe congrès. Outre les dérives de l'actuelle direction, dénoncées avec vigueur, le départ de Saâdani est de plus en plus évoqué dans le sillage de cette bataille à couteaux tirés. A travers leur lettre parvenue hier à notre rédaction, plus d'une trentaine de militants et cadres du parti à Mila, s'en remettent au président Bouteflika, qu'ils exhortent à intervenir pour remettre le FLN sur les rails, en mettant un terme au conflit entre adversaires du secrétaire général qui aspirent à une sortie de crise et pro-Saâdani, qui mettent en avant leur prétendue légitimité. Ces derniers s'inquiètent «des dérapages dangereux qui caractérisent le parti». «Des personnes ayant mené campagne contre le deuxième mandat du président du parti, en l'occurrence Abdelaziz Bouteflika, se retrouvent actuellement aux commandes du parti», condamnent-ils. «Un des membres influents du bureau politique, de la direction actuelle, qui s'est créé de la légitimité, en préfabriquant des assises sur mesure lors du Xe congrès, a commis le sacrilège de piétiner le portrait du candidat président, et ce, en présence des représentants de médias nationaux et étrangers», s'offusquent-ils. Pas seulement, ils reprochent à la direction actuelle «son silence incompressible devant la photo choquante tweetée par Manuel Valls, le Premier ministre français». A la lumière de ces dérives gravissimes, ils informent le chef de l' Etat sur leur «rejet absolu de l'actuelle direction, dont certains membres ont mené bruyamment campagne contre le 2e mandat sur fond d'un florilège d'invectives et d'insultes contre le président». D'autre part, ils rejettent les résultats du Xe congrès qui a propulsé des personnes ayant porté atteinte à l'honneur du président à la tête du parti. Enfin ils dénoncent avec force, «tous les dépassements émanant de cette direction illégitime». Ces contestataires proposent «de mettre sur pied une commission nationale composée d'irréprochables cadres plus probes, cadres du FLN, pour sauvegarder le parti et le purger de tout opportuniste et tenant de la chkara». Avant-hier, d'autres cadres et militants du FLN de Bordj Bou-Arréridj ont pondu un communiqué estampillé par pas moins de 28 kasmas. En faisant allusion aux 14 moudjahidine et moudjahidate, signataires de l'appel à délivrer le FLN confisqué, ces derniers se sont indignés contre «des déclarations et propos dangereux proférés par des membres du bureau politique contre les symboles de la révolution de Novembre 1954». Ils tenaient à exprimer leur indignation «devant ces déclarations qui sont aux antipodes de la culture, des valeurs et des principes de notre parti». Les signataires ont appelé l'ensemble des militants «à se démarquer de ces déclarations, qui ne sont que l'oeuvre de certains intrus, des mercenaires étrangers au parti». De même, qu'ils leur suggèrent, ajoutent, les mêmes, «de se dresser comme un seul homme pour défendre et préserver le parti de ces dérives que lui imposent une direction illégitime et l'argent sale». Affirmant partager la position du groupe des 14, les militants de Bordj s'adressent directement à Abdelaziz Bouteflika: «Nous exhortons notre père, le moudjahid Abdelaziz Bouteflika, d'user de ses prérogatives que lui confèrent les lois régissant le parti, afin de redresser la ligne du parti qui a connu de nombreux viols».