Déboutés, hier, par la justice qui a déclaré légitime et statutaire la réunion du comité central du FLN prévue pour aujourd'hui, les "redresseurs" du parti, qui ont livré une guerre sans relâche à Saâdani, perdent une bataille significative. Amar Saâdani et la direction du Front de libération nationale (FLN) remportent une première bataille face à leurs adversaires du mouvement de contestation. Peut-être, la plus décisive dans ce conflit organique qui tend vers un record de longévité. Les redresseurs du FLN, comme on les désigne, qui se sont plaints auprès de la justice pour déclarer l'illégitimité de la réunion du comité central du FLN, convoqué par Saâdani pour cet après-midi, ont été déboutés, hier, par la chambre administrative du tribunal de Bir-Mourad-Raïs. Du coup, la direction actuelle du FLN tiendra, sans crainte de contraintes légales, la session du CC. Une victoire d'étape pour Saâdani, donc. Il est fort à parier que le verdict de la justice dans l'affaire de l'autorisation du congrès, attendu pour aujourd'hui, sera également favorable à Saâdani. Pendant ce temps-là, la liste du front anti-Saâdani s'étend à plusieurs élus et cadres dont d'anciens "poids lourds", à l'instar des Mohamed-Salah Yahiaoui, Tahar Hadj Yala ou encore Boualem Benhamouda. Les animateurs du front anti-Saâdani ont, en effet, divulgué, hier, soit à moins de 24 heures du verdict de la justice dans l'affaire de l'autorisation attribuée par la wilaya d'Alger pour la tenue du congrès, une liste encore non exhaustive, signée par "111 membres du comité central" et une autre signée par "86 députés" du parti. Ces deux listes, accompagnées de deux déclarations, n'ont, cependant, pas été remises à la presse. Lors d'une rencontre organisée à la villa d'El-Biar, qui leur sert de siège informel, les coordinateurs du mouvement des redresseurs ont, en revanche, donné lecture de tous les noms des signataires des deux listes. Outre les noms cités précédemment et les coordinateurs du front anti-Saâdani, en l'occurrence Salah Goudjil, Abderahmane Belayat et Abdelkrim Abada, figurent également l'ex-SG du parti, Abdelaziz Belkhadem, les anciens ministres Rachid Harraoubia, Amar Tou, El-Hadi Khaldi, Abderachid Boukerzaza, ainsi que d'autres anciens cadres influents tels que Daâdoua Layachi ou Mohamed Sghir Kara. Dans la déclaration préliminaire, lue au nom de ce large groupe de frondeurs par Salah Goudjil, il est rappelé "le refus catégorique" des militants anti-Saâdani au 10e congrès qu'ils déclarent "illégitime". Au-delà de leur contestation de ce rendez-vous, ficelé, disent-ils, par la direction du parti, les opposants à Saâdani ont fait part, en outre, de leur détermination à mener un combat à tous les niveaux et poursuivre leur militantisme jusqu'au "redressement et au dépassement de la situation de crise que traverse le parti". Pour ces militants anti-Saâdani, plusieurs "dépassements sont enregistrés" au sein de la maison FLN. Ils dénoncent, notamment, le fait que Saâdani passe outre les statuts du parti en convoquant le 10e congrès sans l'aval du comité central, instance suprême du parti entre deux congrès. "Nous allons épuiser tous les moyens légaux afin de recouvrer la légitimité de toutes les structures et les instances du parti, conformément aux statuts et aux lois de la République", promettent les opposants à Saâdani, accusé d'avoir "confisqué" le parti et de l'avoir "dévié de sa ligne historique". Contrairement à leurs précédentes sorties, les représentants du front anti-Saâdani ont, cette fois-ci, étrangement évacué, dans leur déclaration, l'appel qu'ils avaient pour habitude de lancer à Bouteflika pour intervenir en sa qualité de président du parti et aider à solutionner la crise qui couve au sein du fln depuis plusieurs mois. Le nom de Bouteflika n'a été cité, en effet, à aucun moment par les opposants à Saâdani. En revanche, ces derniers misent encore une pièce sur la justice dont le verdict sur l'autorisation ou pas du 10e congrès est attendu pour cet après-midi. À moins d'un miracle judiciaire, il est à présent difficile de croire en l'annulation de ce congrès convoqué par Saâdani auquel on apporte les dernières retouches. Alors que toutes les invitations ont été adressées aux "5 000 participants prévus", les lieux d'hébergement et la Coupole devant accueillir le congrès sont réquisitionnés. F.A.