Le siège du FLN Sujets à de violents tiraillements internes, le FLN et le MSP se dirigent droit dans l'impasse et risquent de se raser les crampons avant l'arrivée des élections. Les mouvements de redressement des partis, à force d'être récurrents, font désormais partie du paysage politique national. Chaque saison a son lot de redresseurs. Et les concernés sont aussi bien les partis de l'opposition que ceux au pouvoir. Dans ce cortège infini, se distingue en ce moment un duo: le FLN et le MSP. En effet, ces deux partis, fort représentatifs du climat prévalant dans le champ politique puisqu'ils incarnent la première force politique au pouvoir pour l'un et la principale force de l'opposition pour l'autre, sont dans une tourmente qui les promet à un avenir pour le moins incertain. Ballottant entre le pouvoir et l'opposition, tentant de dribbler et l'un et l'autre à travers des tentatives répétitives de se «mettre au-dessus de la mêlée», le MSP a enfin réussi par embarrasser ses propres cadres et à donner des arguments à Bouguerra Soltani qui, depuis son départ, n'a raté aucune occasion de rappeler à Abderrezak Makri «ses égarements» et de lui reprocher son rapprochement, même tactique, «de l'opposition». Mais depuis quelques jours, Soltani ne se contente plus de «dénoncer» et de «reprocher». Il entend bien structurer son opposition à Makri autour d'objectifs précis. En effet, il a lancé une initiative contenant cinq points précis dont le résumé est le retour dans le giron du pouvoir et, pourquoi pas, «la reconstruction de l'alliance présidentielle». Le président actuel du MSP a tenté de minimiser l'impact de la situation sur le devenir politique du parti et affirme dans ce sens qu'il partage un nombre de points contenus dans l'initiative proposée par Bouguerra Soltani, une manière à lui de calmer le jeu, voire de le tuer. Mais à l'approche des échéances électorales, la tempête s'annonce forte et risque d'emporter Makri et son équipe. Au FLN, même ambiance de crise. Régulièrement secoué par des mouvements de redressement, l'ex-parti unique a à chaque fois su trouver un équilibre en son sein. Pour des années. Mais cette fois-ci la crise semble durer dans le temps et les adversaires de l'actuel secrétaire général ne font que se multiplier, la fronde gagnant même les structures qui lui sont habituellement acquises, à savoir les mouhafadhas. En effet, après celle de Chlef, Oran, Es-Senia, Djelfa, la mouhafadha de Bordj Bou Arréridj s'est fendu d'un communiqué virulent à l'égard de la direction centrale du parti, dans lequel elle s'insurge contre «les propos et les déclarations dangereux et sidérants proférés par des membres du bureau politique contre les symboles de la révolution de Novembre 1954 et les 14 moudjahidine et moudjahidate signataires de l'appel à délivrer le FLN confisqué». Les contestataires se démarquent de «ces insultes portant atteinte à l'honneur des moudjahidine, des attitudes et des comportements indignes du FLN», déplorent-ils. Par conséquent, un appel à tous les militants et les militantes est lancé afin «de se dresser comme un seul homme pour défendre le FLN contre les dérives perpétrées par la direction illégitime et les tenants de l'argent sale et les partisans de 'la chkara''», peut-on lire également dans la déclaration. Pour rappel, les attaques du FLN contre Zohra Drif-Bitat, Abderrahmane Cherif-Méziane, Mouloud Dehlal et Djilali Guerroudj, etc., sont intervenues après que ceux-ci aient signé une lettre pour dénoncer «le sort réservé au FLN confisqué par la direction actuelle, à sa tête Amar Saâdani et appeler à le libérer». La réaction des mouhafadhas, faisant suite à plusieurs autres, remet radicalement en cause «l'unité des rangs» dont se targuait Amar Saâdani lors du dernier congrès. En effet, plus qu'une position politique conjoncturelle ou une déclaration maladroite ou désobligeante à l'égard d'authentiques héros de la révolution algérienne, le mouvement de contestation qui vient de surgir au sein du FLN conteste la légitimité de l'équipe dirigeante et la probité morale et intellectuelle de ses membres, ce qui augure d'une prochaine confrontation entre les deux camps. Le MSP et le FLN, qui ont déjà eu à travailler ensemble dans le cadre de l'alliance présidentielle, sont dans de beaux draps. Cette situation de crise qu'ils traversent peut les affaiblir et affecter leur poids sur la scène politique lors des échéances électorales qui approchent. En fin de compte, la démarche de Bouguerra Soltani peut produire l'effet contraire en affaiblissant le MSP et en en faisant un parti indésirable dans l'alcôve du pouvoir et le FLN, qui ne cesse de se présenter comme la locomotive de la scène politique nationale, se donne à travers ses comportements, une excellente chance de se retrouver dans une voie de garage. La machine vient à peine de se mettre en branle.