Le rendez-vous de demain, qui regroupera les délégués des wilayas de Bouira, de Tizi Ouzou et de Béjaïa, sera un test de vérité quant aux suites à donner au mouvement. Pomme de discorde entre ceux qui veulent le mener vers l'impasse et ceux qui tentent de se frayer un chemin pour récupérer un mécontentement populaire en prévision des échéances électorales, les «dialoguistes» ou délégation «taiwan» comme les dénomment leurs antagonistes, essayent, eux, de se positionner comme alternative et se défendent de figurer parmi ces deux tendances en se qualifiant de représentants de la «majorité silencieuse» qui a subi, depuis des mois, le diktat des durs et partisans d'une revendication radicalisée. Pour eux, le non-paiement des redevances électriques, le départ de la gendarmerie de la Kabylie... ne sont que des prétextes pour tenter d'imposer une stratégie qui, au fil des jours et des conclaves, a fini par décourager même les plus aguérris à la lutte au syndicalisme. Pour preuve, les nombreuses dissidences constatées çà et là, mais surtout la non-application des recommandations prises lors des différentes rencontres, restées lettres mortes. Cette aile, issue de la rencontre du 14 décembre dernier et qui se restructure en ratissant large dans les rangs de la société civile en prévision du rendez-vous du 6 décembre, se démarque des durs qu'elle accuse d'appartenir à une mouvance politique, gauchiste, qui a fait ses preuves d'échec dans d'autres pays à l'image du «géant aux pieds d'argile» qu'était l'URSS aujourd'hui réduite en miettes. Cette opposition, issue d'une guerre pour la représentativité entre deux clans qui s'accusent d'illégitimité, rétrograde au second plan le gros de la foule, c'est-à-dire la majorité silencieuse: le peuple. Qui des deux composantes cherche le bien-être du pays? A les entendre séparément, les animateurs du mouvement citoyen comme les leaders du mouvement des citoyens libres sont convaincants. Qu'est-ce qui les dissocie pour les renvoyer dos à dos? La surenchère qui est de mise actuellement cache en vérité des objectifs inavoués de part et d'autre. Pour l'aile radicale ni la satisfaction de la revendication identitaire ni l'application de l'ensemble des points de la plate-forme d'El-Kseur ne sont une fin en soi, mais une étape vers l'idée de régionalisation vers le fédéralisme et peut-être vers l'autonomie de la région. N'a-t-on pas vu la résurrection d'un leader national qui a, à un moment, fait perdre une année aux élèves de la région pour ne plus s'intéresser au sujet? Ces objectifs sont ceux des formations politiques que le conclave de M'chedallah a dévoilées en les associant au mouvement dans sa déclaration finale quand il a parlé du caractère transpartisan et de d'adhésion des partis proches du mouvement. Le second fait qui dévoile la volte-face est la forme horizontale de la structure. Il faut comprendre par cette notion, une direction collégiale et tournante à la tête du mouvement. Réellement, ce sont les mêmes têtes que l'on voit dans la presse, lequel moyen d'information n'hésite pas à consacrer des pages entières à des personnes à la tête d'un conclave le temps de sa tenue, mais qui, au fil des jours, ne quittent plus la scène? En focalisant sur une personne, les médias tentent de rétrécir le champ aux seules personnes qu'on voit habituellement à l'écran et omettent de dire que le problème concerne toute la nation algérienne. Les meneurs, en se substituant à la masse silencieuse, perpétuent un fléau pour lequel des jeunes sont morts: la marginalisation. Personne n'a l'exclusivité sur ce pays. Ces personnes ne sont pourvues d'aucun pouvoir légitime pour décider de l'avenir de nos enfants. Le mouvement est, comme l'a déclaré le Président de la République, légitime. La cause identitaire n'est dépendante ni de la volonté ni de l'humeur de personne, d'où l'obligation de la satisfaire. Faire preuve d'opiniâtreté équivaut à jeter de l'huile sur le feu et Dieu seul sait que ce peuple en a assez. La protestation populaire a ses raisons. Le marasme dans lequel se débat la jeunesse de ce pays et à mettre à l'actif d'hommes qui, de tout temps, ont bricolé des solutions favorisant les intérêts privés au grand dam d'une nation longtemps marginalisée, délestée de ses biens et réduite au silence. N'oublions pas que l'Algérie est toujours guettée par la horde intégriste qui se cherche une nouvelle santé.