Bouteflika envisage de se réapproprier l'institution législative qui partagera ses visions pour concrétiser son programme. Les observateurs s'y attendaient. La tenue du congrès du FLN et l'élection de M.Bouteflika au poste de président d'honneur du vieux parti, ouvrent la voie à de profonds chamboulements au niveau de la scène politique nationale. Pour commencer, le remue-ménage débutera par un réaménagement au niveau du gouvernement lequel réaménagement interviendra très prochainement, selon une source parlementaire crédible. S'ensuivra ensuite la convocation du corps électoral pour des élections législatives et municipales anticipées. L'annonce de ce rendez-vous électoral interviendra, selon notre source, au mois de juin prochain et les élections anticipées auront lieu vers le mois de décembre 2005. A la fin du mois de juin, le peuple algérien sera convié à un autre rendez-vous déterminant : le référendum sur l'amnistie générale qui interviendra à la veille du 43e anniversaire de l'indépendance nationale, précise la même source. Pour les changements au niveau de l'Exécutif, ce sont les ministères du Tourisme et de l'Agriculture qui seront, entre autres, concernés. Si le changement au département du Tourisme a été à chaque fois annoncé, le remplacement de Saïd Barkat par le Dr.Mohammed Benaissa, l'actuel ministre chargé du Développement rural est en revanche inattendu. Ce «remaniement» gouvernemental annoncé depuis plusieurs mois se confirme de plus en plus ces derniers temps. Pour preuve, le président de la République vient de relancer une série de consultations avec les ministres pour évaluer les réalisations et cibler les faiblesses dans chaque secteur. Depuis la création de son parti, l'UDR, Amara Benyounès, donné pour ministrable, a appelé à la dissolution de l'APN et des assemblées locales pour ensuite procéder à des élections anticipées. Une revendication chère au parti de Benyounès et qui n'est pas vaine puisque ces élections se dérouleront, à en croire la source parlementaire, avant la fin de l'année 2005. D'autre part, l'effervescence au sein du FLN et l'appel lancé par Belkhadem, il y a quelques jours, à ses militants afin qu'ils se préparent aux échéances électorales, est le signe avant-coureur d'un rendez-vous électoral en perspective. Deux hypothèses au moins justifient cette démarche d'élections anticipées. La première a trait à la couleur et à la nature «idéologique» de la majorité parlementaire actuelle issue de la tendance Benflis alors qu'il était secrétaire général du vieux parti. Au fait, cette assemblée n'a jamais cautionné la démarche du président de la République. Il convient de rappeler que, durant la campagne électorale pour la présidentielle du 8 avril 2004, l'écrasante majorité des députés du FLN, qui constitue également la majorité du Parlement, avaient pris fait et cause pour le candidat malheureux, Ali Benflis. C'est donc de bonne guerre que M.Bouteflika envisage de se réapproprier une institution législative qui partagera ses visions en vue de concrétiser son programme. La seconde raison, la plus importante selon les observateurs, est éminemment d'ordre politique. En effet, dans la foulée d'une réconciliation nationale et d'une amnistie générale, il est inconcevable que toute une région stratégique du pays, la Kabylie en l'occurrence, soit absente dans une prestigieuse tribune d'expression comme l'Assemblée nationale. Aussi, faut-il s'attendre à la satisfaction pleine et entière des revendications du mouvement citoyen de Kabylie, consignées dans la plate-forme d'El-Kseur, notamment l'officialisation de la langue tamazight. Pour les APC, leur sort a été scellé, il y a déjà longtemps. Appuyés par la voie des archs qui revendiquent la révocation des indus élus, des membres du gouvernement ont officiellement dénoncé la gestion au sein des communes. Reste à savoir quel sera le comportement des partis de l'opposition et surtout la réaction de la société face au projet d'amnistie.