Elle intervient quelques jours après que l'avocat général de la Cour européenne de justice a déclaré que le Sahara occidental n'est pas un territoire du Maroc. Le président du Conseil de la Nation Abdelkader Bensalah a reçu jeudi l'ambassadeur du Maroc, Abdallah Belkeziz, dans le cadre d'une visite d'adieu. Rien n'a filtré de cette rencontre entre le se-cond personnage de l'Etat et le chef de la représentation diplomatique du Royaume chérifien en Algérie. Même si elle revêt un caractère strictement protocolaire et qu'elle épouse les us et coutumes de la pratique de la diplomatie, rien n'interdit qu'elle ait fait l'objet de discussions autour de sujets qui rythment les relations entre les deux pays. Il faut dire qu'elles ont connu des crises particulièrement violentes qui ont jalonné le séjour du haut fonctionnaire marocain dans notre pays. Il a été convoqué dans le cadre de l'affaire de la profanation de l'emblème national du consulat d'Algérie à Casablanca par un membre des Jeunesses royalistes et lorsque l'Algérie avait été accusée à tort d'avoir expulsé des réfugiés syriens vers le territoire marocain. «L'attention du diplomate marocain a été attirée sur le fait que l'Algérie réprouve fortement cette nouvelle provocation politiquement motivée et qu'elle déplore profondément cette tentative supplémentaire et gratuite de crispation d'une relation...», soulignait un communiqué du MAE rendu public le 29 janvier 2014. Des provocations, il y en aura encore à la pelle. Il y aura notamment celle orchestrée par le chef de la diplomatie marocaine Salaheddine Mezouar qui a plaidé pour «une diplomatie marocaine plus agressive contre...le voisin de l'Est (l'Algérie, ndlr)» en octobre 2015 estimant que les positions de l'Algérie demeurent haineuses à l'égard de l'intégralité territoriale du Maroc». Il a été bien entendu question de la position de l'Algérie concernant le Sahara occidental. De l'eau a coulé sous les ponts depuis. Il y a eu ce «faux retour» du Maroc au sein de la famille africaine qui avait comme arrière-pensée d'évincer la République sahraouie (Rasd) de l'Union africaine lors de la tenue du 27ème Sommet de l'UA à Kigali. Une délégation menée par Nacer Bourita, le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères parmi laquelle on comptait le patron du contre-espionnage Yacine Mansouri. Il fut reçu à Alger avant que nous parvienne le message de paix adressé par le souverain marocain au peuple algérien à l'occasion de la célébration du 63ème anniversaire de la révolution du Roi et du peuple qui correspondait au 20 Août 1955, jour du déclenchement de l'offensive du Nord Constantinois pour donner un nouveau souffle à la Révolution algérienne. «Cette étape historique portait la marque de la coordination et de la solidarité entre les chefs de la Résistance marocaine et le Front de Libération nationale algérien», rappellera Mohammed VI. La question du Sahara occidental ne sera pas évoquée pour en faire un sujet de discorde. Elle sera remise sur le tapis à travers l'accord agricole signé en 2012 par le Maroc et l'UE, contesté par le Front Polisario. Dans un avis rendu le 13 septembre, l'avocat général de la Cour européenne de justice a estimé que le «Sahara occidental n'est pas un territoire du Maroc». Pour Rabat, c'est un revers diplomatique cinglant qui risque de modifier la donne dans ses rapports avec l'Algérie. En ce qui concerne son ambassadeur à Alger, c'est une mission qui se termine en queue de poisson. Est-elle annonciatrice d'un dégel des relations algéro-marocaines? trop tôt pour le dire.