Abdellatif Baka a battu le record du monde dans le 1500m Des records, du suspense, des larmes et des controverses: cinq points marquants des Jeux paralympiques de Rio, qui s'achèvent dimanche. Larmes Les larmes ont coulé dès l'ouverture des Paralympiques, le 7 septembre dans le mythique stade Maracana, noyé par l'orage tropical qui s'est déclaré lors de la cérémonie. L'une des dernières porteuses de la torche, la Brésilienne Marcia Malsar, 84 ans, a glissé sur le sol mouillé. Mais le soutien des spectateurs, émus, a remis sur pied la médaillée d'or aux Jeux de 1984, qui, aidée de sa canne, a effectué courageusement les ultimes mètres jusqu'à la relayeuse suivante. Les déclarations chocs de l'athlète belge Marieke Vervoort, atteinte d'une maladie dégénérative, qui disait vouloir recourir à l'euthanasie, avait également suscité de la compassion, autant que des interrogations. Mais la Belge de 37 ans, médaille d'argent au 400 m en fauteuil, a assuré plus tard ne pas vouloir «mourir tout de suite» et profiter de «chaque instant». Le sport est «sa raison de vivre», a-t-elle précisé. Puis à la veille de sa clôture, les Jeux ont été frappés par le décès de l'Iranien Bahman Golbarnezhad, 48 ans, mort après avoir eu un accident lors de l'épreuve de cyclisme sur route. Une minute de silence sera observée lors de la cérémonie de clôture en sa mémoire. Toujours plus vite Au niveau de la performance, les Paralympiques ont toujours souffert de la comparaison avec les Jeux des valides. Mais à Rio, et même sans Oscar Pistorius, le Sud-Africain star qui avait pris part aux Jeux olympiques et Paralympiques à Londres, des athlètes handicapés ont fait mentir les chronos. Ainsi, les quatre premiers du 1500 m, remporté par l'Algérien Abdellatif Baka, malvoyant de naissance, ont couru dans un meilleur temps que l'Américain Matthew Centrowitz, couronné chez les valides un mois plus tôt. Une statistique qui doit être tempérée: Centrowitz a remporté la course olympique la plus lente depuis 1932, pendant que Baka lui décrochait un nouveau record du monde. Le public présent Après les tribunes vides du Stade olympique lors des épreuves d'athlétisme en août, l'une des images marquantes des Jeux, le doute persistait sur la capacité des Paralympiques à attirer le public brésilien. Il y a un mois, seulement 12% des billets avaient été vendus. Les premiers jours de compétition n'incitaient pas non plus à l'optimisme, et les spectateurs étaient parfois invités à prendre un autre siège pour que le stade apparaisse moins vide à la télévision... Mais les Cariocas se sont peu à peu pris au jeu, entraînés dans le sillage des champions locaux comme Daniel Dias, qui, avec neuf médailles à Rio, est devenu le nageur le plus décoré de l'histoire paralympique. Un total de 2,1 millions de billets a été vendu, ont déclaré samedi les organisateurs, soit un meilleur bilan qu'à Pékin en 2008, même si c'est moins bien qu'à Londres une olympiade plus tôt, avec 2,8 millions de places vendues. L'ombre de la Russie La plus grande polémique des Paralympiques a eu lieu avant son ouverture, avec l'exclusion des sportifs handicapés russes à la suite du scandale de dopage d'Etat, annoncée par le Comité international paralympique (IPC) le 7 août. La décision a fait contraste avec celle du Comité international olympique (CIO) de laisser concourir 271 Russes, autorisés par leurs fédérations internationales, aux Jeux. Un Bélarusse a brandi un drapeau de la Russie lors de la cérémonie d'ouverture des Paralympiques à laquelle ne participait pas le président du CIO, Thomas Bach, ajoutant à la confusion. C'était la première fois depuis 1984 qu'un président du CIO ne participait pas à la cérémonie. L'exclusion de la Russie a continué d'avoir des répercussions à la fin des Paralympiques, avec la divulgation de données confidentielles de l'Agence mondiale antidopage (AMA) révélant qu'une trentaine d'athlètes en lice aux JO ont bénéficié d'une autorisation thérapeutique (AUT) pour prendre des médicaments interdits. Le groupe de hackers, connus comme les «Fancy Bears», à l'origine des publications, serait composé de Russes. Quand la politique s'invite Les Paralympiques ont également été rattrapés par les troubles politiques qui agitent le Brésil depuis plusieurs mois, et qui avaient atteint un nouveau point culminant le 31 août avec la destitution de Dilma Rousseff, écartée de la présidence au profit de Michel Temer. Une semaine plus tard, lors de la cérémonie d'ouverture des Paralympiques, Carlos Nuzman, président du Comité d'organisation Rio2016, a dû interrompre son discours à cause des huées du public. De violents sifflets ont également ciblé Michel Temer, qui s'était dépêché de déclarer les Jeux ouverts.