Dda Rachid comme on le surnommait affectueusement au village, part comme il a vécu, dans une parfaite dignité. Le moudjahid Rachid Adjaoud, décédé dimanche à Seddouk, suite à un arrêt cardiaque, à l'âge de 79 ans, a été inhumé hier en son village natal Tibaâmouchine dans la commune de Seddouk, à 50 km du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa. Des personnalités politiques et historiques et des citoyens étaient venus lui rendre un dernier hommage. Il a eu un enterrement populaire, qui témoigne de sa proximité et de son rapprochement avec le peuple, lui qui a toujours vécu parmi les siens. La perte de Rachid Adjaoud a été terriblement ressentie par les présents de par son statut de compagnon du colonel Amirouche, mais également comme acteur d'une date phare qui a marqué l'histoire récente de l'Algérie, en l'occurrence le congrès de la Soummam. On ne disait que du bien de celui qui resta résistant même après l'indépendance. Né le 2 février 1937 à Seddouk, Rachid Adjaoud était secrétaire du colonel Amirouche. Il a rejoint les rangs de l'Armée de Libération nationale en 1956 et participe à des batailles contre l'ennemi français lors desquelles il a fait preuve d'un grand courage qui lui a valu le «respect et la confiance» de nombreux dirigeants et de moudjahidine. Un respect et une confiance qu'il garda toute sa vie. Sa dernière sortie fut lors du colloque d'Akfadou sur la thématique «Congrès de la Soummam: 60 ans après, quelles leçons?» Dda Rachid a plaidé pour la réhabilitation des nombreux sites historiques de la Wilaya III historique laissés à l'abandon. Le PC d'Amirouche et bien d'autres hauts-lieux à travers le pays ne méritent pas le sort qui leur est réservé et sont des témoins pour la nouvelle génération, avait-il dit avant de remettre au maire de la localité et aux initiateurs du colloque le procès-verbal du congrès de la Soummam, dont il a pris part à la rédaction de la plate-forme. L'un des derniers lions de la Wilaya III s'en est allé. «Dda Rachid comme on le surnommait affectueusement au village part comme il a vécu, dans une parfaite dignité et avec le même courage qui fut durant toute sa vie le compagnon», indique ce militant politique dont le combat a été inspiré. Tout comme lui, beaucoup de présents regrettaient hier «la perte d'une véritable bibliothèque», Dda Rachid s'intéressait à l'Histoire, notamment dans son dernier ouvrage non encore paru sur l'Histoire de la révolution; certains iront jusqu'à donner le titre de l'ouvrage: «Les voleurs de notre jardin», qu'il n'a pas eu le temps de finir. Il était un très grand militant. Il s'en est allé dans l'au-delà sans être salué par les officiels. Abdesslam Chelghoum, ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, en visite de travail à Béjaïa aurait pu assister à l'enterrement. Avec le wali de Béjaïa il a préféré se contenter d'une visite à la famille en fin d'après-midi pour présenter ses condoléances, au domicile mortuaire, à sa famille. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le secrétaire général du RND Ahmed Ouyahia ont envoyé des messages de condoléances au fils aîné du défunt. Côté politique, Abderrahman Belayat et Abdelaziz Belkhadem étaient et ont, dans une déclaration à L'Expression, vanté les mérites de défunt en qualité de moudjahid et patriote qui a repris les armes une deuxième fois contre le terrorisme tandis que le RCD a pris part à l'enterrement à travers son président Mohcen Belabbès. Djoudi Attoumi a relevé les valeurs du défunt. Adelhafid Amokrane, ex -ministre des Affaires religieuses est lui aussi allé dans le même sens. Bref, Dda Rachid est parti laissant dernière lui des oeuvres qui méritent d'être exploitées pour que la vérité se sache.