Ancien secrétaire du colonel Amirouche, chef de la Wilaya III historique, Rachid Adjaoud est décédé hier à l'âge de 79 ans, à la polyclinique de Seddouk, où il a été évacué samedi soir après un malaise. Homme des rendez-vous historiques, Rachid Adjaoud n'en ratait aucun, malgré une santé quelque peu chancelante. Rencontré lors du colloque sur le 1er Novembre, organisé par l'association Med-Action à Akbou, l'ancien officier de l'ALN avait accueilli la presse avec cette phrase prémonitoire : «Venez m'embrasser pendant que je suis encore de ce monde, c'est peut-être la dernière fois que vous me verrez.» Moins d'une année après cette rencontre, le défunt avait surpris beaucoup de monde en marquant sa présence à Akfadou, lors du colloque sur le Congrès de la Soummam, à l'instar d'autres historiens algériens et étrangers. Il avait même fait don, lors de cette rencontre, d'un document de valeur aux organisateurs. C'est dire sa disponibilité pour l'écriture de l'histoire du pays. Rachid Adjaoud répondait à toutes les invitations et enchaînait conférence sur conférence. Il convient de rappeler à ce propos ses multiples interventions dans la presse pour rétablir la vérité sur certains faits historiques qu'a connus la Wilaya III. Il avait défendu l'honneur de celui dont il fut le secrétaire particulier, le colonel Amirouche, et qu'il avait servi avec dévouement. «On ne touche pas aux morts. Comment laisser faire de telles atteintes à la mémoire des hommes braves qui ont tout donné à leur pays ?», avait-il dit un jour, en réponse à ceux qui avaient essayé de souiller la mémoire d'Amirouche. L'ancien officier de l'ALN a apporté également sa pierre à l'écriture d'une histoire dépassionnée, comme il l'a toujours défendu. Il est l'auteur du livre Le dernier témoin, paru en 2012 aux éditions Casbah. Un ouvrage de 278 pages, à travers lequel Rachid Adjaoud est revenu sur les origines et les cheminements de la Révolution et sur tout ce qu'elle comporte comme sujets délicats. Originaire de Seddouk, où il est né le 2 février 1937, Rachid Adjaoud a pris très tôt conscience du système colonial et a rejoint la Révolution très jeune. Il a bénéficié de la confiance du colonel Amirouche qui en a fait son secrétaire particulier. Le défunt a occupé diverses responsabilités dans l'administration hospitalière et fut député dans la seconde législature, après un bref passage dans les rangs de l'ANP qu'il avait quittés en 1964. Il sera enterré au village de Tibouamouchine, sur les hauteurs de Seddouk, dans les massifs montagneux des Bibans.