La signature de l'accord d'Alger a donné beaucoup d'espoir aux différents protagonistes Alger a tenté, voici plusieurs mois, la dynamisation du processus, suite aux affrontements dans la région de Kidal où le Gatia, un groupe armé proche du gouvernement malien, n'a pas cessé son travail de sape. L'assassinat d'un garde national, relevant de l'armée malienne, et d'un civil, lundi dernier, par des éléments armés à Tombouctou constitue une nouvelle tentative portée à la mise en oeuvre de l'accord de paix scellé en mai-juin 2015 à Alger. Les auteurs de l'attentat ont clairement ciblé le militaire devant son domicile. Déjà, le mois précédent, trois autres personnes, dont un officier malien accusé d'informer l'armée et ses alliés sur les mouvements des groupes terroristes dans la région de Tombouctou, avaient été également assassinés. Après avoir été largement «occupé» par les groupes rebelles et certaines factions terroristes depuis mars 2012, le nord du Mali avait retrouvé une réelle accalmie, au lendemain des accords d'Alger qui ont permis, sur la base d'engagements précis du gouvernement malien et des groupes membres de la Coordination des mouvements de l'Azawed, tels que le Mnla et le Flna, de baliser la voie au retour de la paix dans le pays. Néanmoins, de larges zones échappent toujours au contrôle des forces maliennes. Alger a tenté, voici plusieurs mois, la dynamisation du processus, suite aux affrontements dans la région de Kidal où le Gatia, un groupe armé proche du gouvernement malien, n'a pas cessé son travail de sape. Aussi, l'ambassadeur des Etats-Unis au Mali est-il monté mardi dernier au créneau pour demander, au gouvernement de cesser toute relation avec ce groupe armé, dit «loyal» aux autorités de Bamako, mais dont les affrontements meurtriers avec plusieurs groupes de l'ex-rébellion signataires de l'accord de paix sont autant de mauvais coups. Ce n'est pas la première fois que ce constat est établi. Déjà, à Bamako même, en 2015, lors d'une réunion consacrée à l'examen de la mise en oeuvre de l'accord de paix, la médiation conduite par l'Algérie, représentée par Ramtane Lamamra, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, avait insisté sur le respect des engagements par l'ensemble des parties signataires. Précédée par des menaces répétées de la communauté internationale quant à des «sanctions ciblées contre ceux qui entraveraient la mise en oeuvre de l'accord», notamment les groupes qui poursuivent les affrontements autour de Kidal (nord-est), la mise en garde américaine illustre tout à la fois la dimension problématique des tensions actuelles au nord du Mali et le jeu trouble des adversaires de l'accord d'Alger. La sommation de l'ambassadeur des Etats-Unis Paul Folmsbee, a, cette fois, désigné clairement le Gatia, groupe d'autodéfense touareg Imghad, comme responsable des tentatives de sape répétées depuis plus d'un an. Alger n'a pas cessé de rappeler tous les groupes armés au Mali à leurs obligations, mais le comportement belliciste de certains continue de représenter une menace tangible pour les habitants de la région nord, en particulier à Kidal. La nouveauté est que la communauté internationale demande au «gouvernement du Mali d'assumer une plus grande responsabilité pour la mise en oeuvre du processus de paix», ajoutant que «l'accord de paix exige que certaines mesures de base de renforcement de la confiance soient prises immédiatement», notamment la mise en place de «patrouilles mixtes composées d'éléments de l'armée malienne et des groupes signataires». Il faut bien admettre que, sur ce plan, un retard considérable a été enregistré, avec les habituelles commissions de discussion et les projets de lois censés baliser le terrain aux nouvelles structures. Malgré plusieurs rappels, il n'y a eu que de très maigres résultats depuis un an et demi, tandis que l'accord d'Alger connaît de plus en plus de coups portés par le Gatia provocateur de la Coordination des mouvements de l'Azawed (CMA, ex-rébellion). Un jeu dont peuvent tirer profit les autres groupes terroristes qui cherchent toujours à enflammer une région si difficilement apaisée.