Le président du FCE a plaidé pour une démarche responsable Le FCE tacle le gouvernement et l'accuse d'avancer à pas de tortue tout en se disant disposé à l'accompagner dans une dynamique de réformes structurelles courageuses et profondes. «Il est temps de mettre en oeuvre des réformes profondes et courageuses qui changeraient notre économie» a déclaré Ali Haddad hier, à l'ouverture de l'université d'été du FCE en affirmant que l'Algérie traverse une crise multidimensionnelle. En effet, selon lui, «malgré les efforts constants et en dépit de nombreux acquis, notamment en matière d'infrastructures de base et d'amélioration du pouvoir d'achat et des conditions de vie des Algériens, nous n'avons pas pleinement réussi, jusqu'à présent, à insuffler une dynamique de développement et d'expansion économique suffisamment puissante pour poursuivre et assurer la pérennité du processus de redressement économique de notre pays». C'est pourquoi, a-t-il recommandé, «pour transcender cette situation et engager l'Algérie dans un processus de redressement économique pérenne, nous devons, avant toute chose, admettre et considérer que la baisse des prix des hydrocarbures n'est pas un phénomène conjoncturel, mais qu'elle constitue une tendance lourde devant laquelle nous avons accepté de faire preuve de résilience». En tenant ces propos qu'il a qualifiés de «langage de vérité», Ali Haddad n'a pas manqué de tacler le gouvernement qu'il accuse indirectement de faire preuve de réticence quant aux transformations profondes qui s'imposent mais également d'avancer à pas de tortue. «Pour transformer en profondeur les conditions pratiques dans lesquelles s'accomplissent l'acte d'investir et l'acte de produire dans notre pays, nous devons impérativement accélérer la cadence et le rythme des réformes», a-t-il indiqué dans ce sillage, avant de rappeler que «la réussite d'une politique économique ne se mesure ni aux intentions ni aux déclarations ni au nombre de textes réglementaires adoptés» et qu'elle «est fondamentalement tributaire de la praxis et de ses effets sur l'emploi, le pouvoir d'achat et le bien-être des citoyens». Néanmoins, tout en lançant quelques flèches aux pouvoirs publics, le président du FCE a plaidé pour une démarche responsable qui vise non pas à justifier les retards enregistrés mais à mobiliser les forces vives du pays afin d'aller de l'avant. Autrement dit, il accule le gouvernement dans le seul objectif de lui faire prendre conscience de la gravité de la situation. «Construire l'avenir d'une nation peut se faire dans la douleur et après d'innombrables sacrifices, mais je reste persuadé que la situation sera pire si nous ne tentons rien et maintenons le statu quo», a-t-il indiqué en plaidant pour «l'espoir au lieu de la peur, l'action au lieu de l'immobilisme». De plus, a-t-il ajouté, «nous détenons les clés de notre futur, car nous gardons, pour le moment, l'initiative; notre échec serait lourd de conséquences non seulement pour notre stabilité et notre souveraineté, mais également pour l'ordre social auquel nous aspirons». Interrogé en marge de l'ouverture de la plénière sur la nature des réformes engagées par le gouvernement et que le FCE juge, dans ses discours, insuffisantes, voire fades, Ali Haddad a relativisé son constat mais persiste et signe que «des réformes profondes sont l'unique issue de la crise que vit le pays actuellement. «Les réformes engagées jusque-là par le gouvernement sont importantes. Les entreprises privées sont en train de prospérer. Mais beaucoup de choses restent à faire et le rythme des réformes est relativement faible. Nous ne devons pas faire des réformes uniquement pour parer à la crise qui affecte notre économie comme le laissent penser certains, mais pour construire une économie forte et résiliente. De plus, l'Etat doit céder certains secteurs à l'investissement privé. Il doit les ouvrir aux capitaux privés», a-t-il affirmé. En effet, a précisé Ali Haddad, «malgré un contexte international et national extrêmement difficile, l'Algérie a pu maintenir ses grands équilibres macroéconomiques, sanctuariser son territoire et sauvegarder sa stabilité et sa cohésion sociale», ce qui relève d'acquis qu'il convient de sauvegarder et dont il est permis d'être fiers et qui donnent au gouvernement l'assurance nécessaire pour s'engager sur le chemin des grandes transformations. Néanmoins, l'heure est au travail. «En plaçant l'entreprise au coeur du processus de développement et en adoptant la liberté d'entreprendre comme fondement de la nouvelle politique économique, le gouvernement a résolument opté pour la construction d'une économie diversifiée, compétitive et ouverte sur l'environnement international. Des réformes structurelles doivent cependant être menées afin de consacrer dans les faits cette volonté politique affirmée de sortir l'Algérie de l'ornière des hydrocarbures», a-t-il insisté.