Une marche aux relents de soufre, qui sent la manipulation et la tartufferie. Echec au roi ou manipulations de palais? Alors que Mohammed VI a été le premier chef arabe à donner son accord pour prendre part au sommet de la Ligue arabe d'Alger, la classe politique marocaine par presse interposée, s'acharne contre Alger. De graves accusations ont été proférées hier, au moment où se déroulait une marche à Rabat. Une marche organisée, selon nos confrères marocains, à l´initiative du collectif «Watanouna» (notre patrie) sous le signe de "tous pour la libération des Marocains séquestrés à Tindouf". Une marche aux relents de soufre, qui sent la manipulation et la tartufferie. Le moment choisi pour cette manifestation, le lieu et surtout les slogans brandis par les manifestants laissent supposer que tout est cousu de fil blanc. D'abord, le moment n'est pas fortuit. Pour cause, le Sommet d'Alger, qui annonce une réussite diplomatique pour Alger, ne semble pas être du goût de certains milieux marocains. Un sommet qui réunira les chefs arabes dans un contexte international particulier, la crise syro-libanaise notamment. Et enfin, un sommet où la Ligue arabe s'apprête à une mue historique dans ses textes et son fonctionnement où seront prises d'importantes résolutions tant sur le plan de la réforme de cette structure que sur le plan international. Le lieu où s'est déroulée cette marche est particulier en ce sens que rarement une marche a été autorisée dans les rues de Rabat. Depuis plusieurs mois, les membres de l'association des médecins chômeurs marocains sont quotidiennement tabassés, bastonnés et humiliés par les services de sécurité marocains, chaque fois qu'ils organisaient leur rassemblement sur cette même place, devenue subitement la place de l'expression libre. La classe politique marocaine a été trop loin dans ses accusations. Elle a qualifié Tindouf d'Abou Ghraïb, de camp de concentration en terre algérienne, d'atteinte aux droits humains, «subie par les détenus marocains à Tindouf», avant d'interpeller la communauté internationale et l'ONU pour mettre fin à cette situation. Voilà donc qui clarifie l'enjeu de cette «manifestation populaire improvisée». Il s'agissait de revendiquer «l'intégrité territoriale du Royaume». Appuyant sur la chanterelle pour persuader la communauté internationale d'une affaire pendante devant le Conseil de sécurité, certains confrères de la presse marocaine n'ont pas pris le soin d'y mettre la forme. Dans leur acharnement «ordonné» contre Alger, ils viennent de gagner leurs lettres de Cracovie en passant pour des maîtres dans l´art de la tromperie et du mensonge. Car s'ils évoquent les droits de l'homme, les prisons et les bagnes, la communauté internationale en sait certainement quelque chose sur ce qui se passe ou s'était passé au Royaume. Citons à titre d'exemple : Tazmamart. Combien de personnes trembleront à la simple évocation du mot «Tazmamart»? Un synonyme d´horreur et d´abomination. Il désigne un bagne-mouroir où furent enfermés, de 1973 à 1991, 58 militaires qui avaient participé - de manière secondaire, car les responsables principaux furent fusillés - à deux attentats contre le roi Hassan II du Maroc. Et que sont devenues les révélations de A. Boukhari sur la participation des forces de sécurité marocaines à l'enlèvement, à l'assassinat et à la disparition du corps de Mehdi Ben Barka? Que subissent les prisonniers sahraouis dans les geôles marocaines? En fait, ce ne sont ni les exemples et encore moins les témoignages qui manquent.