Le «bateau des femmes» qui s'est fixé pour objectif de briser le blocus de Ghaza a franchi hier matin la ligne des 100 milles sans être arraisonné par Israël avant d'atteindre l'enclave palestinienne, a indiqué une porte-parole. C'est généralement passé la ligne des 100 milles que les bateaux peuvent s'attendre à être interceptés par la marine israélienne comme cela a été le cas dans le passé. «Le Zaytouna-Oliva a franchi la barre fatidique des 100 milles (nautiques) et tout se passe bien», a affirmé Claude Léostic, jointe par téléphone. Le bâtiment se trouvait dans la matinée à 80 milles des côtes de la bande de Ghaza. Des médias israéliens ont affirmé, citant des responsables sous le couvert de l'anonymat, que l'Etat hébreu n'autoriserait pas le bateau à accoster et qu'il serait intercepté puis escorté jusqu'au port israélien d'Ashdod, frontalier de Ghaza, comme en juin 2015. Soumise depuis 2006 à un rigoureux blocus israélien, l'enclave palestinienne est gouvernée par le mouvement islamiste Hamas, que trois guerres ont opposé à Israël entre 2008 et 2014. Depuis 2008, plusieurs expéditions civiles ont tenté, à chaque fois vainement, de forcer le blocus de ce territoire miné par la pauvreté et le chômage. L'épisode le plus marquant reste celui de la flottille de 2010 quand un assaut israélien s'était soldé par la mort de dix militants turcs à bord du Mavi Marmara. «Les femmes à bord du bateau ont vu des lumières qui les ont suivies vers quatre heures du matin», et ont supposé qu'il s'agissait de la marine israélienne, a rapporté Claude Léostic. Mais, en fin de matinée, aucun signal ou injonction n'avait été envoyé par les autorités israéliennes, a-t-elle dit. Une quinzaine de femmes, dont le prix Nobel de la Paix Mairead Maguire, se trouvent à bord du Zaytouna-Oliva. Les Accords d'Oslo, signés entre Israéliens et Palestiniens en 1993, autorisent les Ghazaouis à naviguer, notamment pour la pêche, jusqu'à 20 milles des côtes. Cette distance s'est largement réduite au fil des guerres. A Ghaza, des militants s'apprêtaient à célébrer l'arrivée du bateau. Des scouts et des groupes de musique se préparaient à des festivités dans l'après-midi sur le port de Ghaza. Des bateaux devaient également sortir en mer dans la limite des six milles au-delà desquels la marine israélienne lance régulièrement des tirs de sommation, voire ouvre le feu sur des bateaux, ou arrête des pêcheurs. Le blocus israélien, terrestre, maritime et aérien, se double au sud du territoire d'un blocus égyptien.