Le système des subventions doit profiter seulement aux nécessiteux La réforme des subventions bénéficie d'un consensus au sein de tous les acteurs économiques du pays, y compris les membres du gouvernement, mais ce dernier hésite à passer à l'acte. Le Conseil des ministres qui s'est tenu avant-hier et dont tout le monde attendait un signal en faveur des réformes du système des subventions sociales à laissé les partisans du «tout libéral» sur leur faim. En effet, on attendait que le système allait être réformé dans le sens d'une rationalisation des dépenses. La population s'y est même préparée psychologiquement. Coup de théâtre, il n'en est rien. Le président de la République a clairement exprimé l'engagement de l'Etat dans le sens du maintien des transferts sociaux. Le communiqué du Conseil des ministres l'affirme solennellement. «En dépit des contraintes financières qui entourent l'élaboration du projet de budget pour 2017, celui-ci reflète l'attachement de l'Etat à la justice sociale et à la Solidarité nationale. Ainsi, 1630,8 milliards DA seront alloués aux transferts sociaux, soit 23,7% du budget de l'année. Sur ce montant, on relèvera notamment que (i) 413,5 milliards DA sont destinés au soutien aux familles, essentiellement à travers la subvention des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huiles alimentaires), (ii) 330,2 milliards DA au soutien à la santé, (iii) et 305 milliards DA aux programmes nationaux de logement», écrit la présidence de la République. Pourtant, en plus de la sérénité du front social qui ne semble pas voir une outrance dans la réduction de certaines subventions, un consensus politique est établi autour de la nécessité de réformer les systèmes des transferts sociaux dans un sens d'un meilleur ciblage des catégories les plus nécessiteuses. «On ne peut plus continuer sur le même rythme. Une suppression progressive des subventions est nécessaire», a déclaré, il y a quelques mois, Abderrahmane Benkhalfa en sa qualité de ministre des Finances. Même chose du côté de l'actuel ministre de l'Industrie et des Mines qui soutient qu'il est nécessaire de procéder à un meilleur ciblage dans la répartition des subventions.Au niveau du patronat aussi, la tendance va vers une réforme du système des transferts sociaux de sorte qu'il profite uniquement aux classes démunies. Dans ce sillage, le FCE est allé jusqu'à proposer la suppression pure et simple des subventions et l'allocation d'un «deuxième salaire» aux nécessiteux... Certains experts ont trouvé la suppression des subventions «presque inutile» puisque les salaires de moins de 500 dollars représentent plus de 80% de la masse salariale. Néanmoins, bien d'autres, qui rappellent que les subventions destinées aux ménages représentent à peine 20% de la totalité des transferts sociaux qui profitent notamment aux entreprises, ont vigoureusement plaidé en faveur du changement. Mais, contre toute attente, le gouvernement a choisi le maintien du système en l'état. Il s'agit en fait, bel et bien d'un choix visiblement politique et totalement assumé par l'Exécutif. Cet «épilogue» d'un débat qui a tenu en haleine tout le peuple des experts durant deux longues années, trace donc une véritable ligne de démarcation entre les tenants du libéralisme et les partisans d'une ligne plus soucieuse des intérêts des salariés. Le débat est-il clos pour autant?